L’ensemble des maires, des parlementaires et le président du département. Ils sont tous destinataires d’un courrier du préfet Seymour Morsy. Après le clash lors de la réunion de sécurité organisés après l’homicide de Kawéni, il veut visiblement renouer les liens… Peut-être est-ce aussi un moyen de réimprimer sa marque sur ce dossier avant un éventuel départ, dans les semaines qui viennent.
Ce courrier, qui n’a pas été rendu public mais que le Journal de Mayotte s’est procuré, contient des éléments de langage nouveaux. Le préfet indique, peut-être pour la première fois, que «l’insécurité que nous vivons et que nous dénonçons doit clairement être notre priorité. Il en va de l’avenir de notre département, de l’avenir de nos concitoyens, de l’avenir de nos enfants».
C’en est donc peut-être fini des comparaisons de l’insécurité mahoraise avec ce que connaît le département de la Meuse ou les réponses officielles évoquant systématiquement le fameux «sentiment d’insécurité», sous-entendu «vous avez peur mais en réalité, ce n’est pas si terrible».
Ainsi, le préfet indique qu’il espérait que la réunion prévue serve à bâtir une «feuille de route, pour les jours et semaines qui viennent, pour que nous puissions ensemble reconquérir ce qui nous échappe.» Mais le déroulé des événements a été un peu différent.
Associations et emplois aidés
Alors, le préfet pose dans sa lettre ce qui devait se dire autour de la table. On entrevoit ainsi que l’Etat découvre (un peu) qu’il ne sait pas tout faire… Les acteurs de terrain pourraient enfin être réellement écoutés. Le préfet propose ainsi que les comités citoyens proposent des actions, des initiatives «et surtout une présence auprès de nos jeunes».
Pour autant, Seymour Morsy se demande aussi si les emplois aidés par l’Etat, parfois jusqu’à 95%, sont «suffisamment présents, affectés aux bonnes missions». Ils sont en effet plus de 4.000 mais peut-être pas très visibles. Il indique aussi que les associations doivent être réunies «pour rapprocher encore plus leur implication au plus près des endroits, des personnes qui en ont besoin».
Davantage et mieux ciblé
Du côté des actions, le préfet propose un engagement renforcé sur les construction scolaires et l’éclairage public, avec un accompagnement d’EDM et de l’ADEME. C’est un préalable à la mise en place de la vidéo-protection dans laquelle le préfet voit un outil important. Mairies, gendarmerie et police, sont également invités à «concevoir» ensemble «une présence» sur le territoire des communes «aux heures qui conviennent».
Concernant un accompagnement direct de la préfecture, Seymour Morsy propose, «commune par commune» de faire un point sur «ce qui peut contribuer à la cohésion sociale, la sécurité», avec des sujets aussi vastes que «la salubrité, le logement, la propreté, l’éducation, la sécurité, la culture, les sports». L’idée est que fonctionnaires et élus partagent «une stratégie».
Des gendarmes et des politiques départementales
Enfin, le préfet rappelle que «plusieurs politiques ambitieuses» se mettent en place avec le département, concernant l’enfance, la parentalité ou la culture «parce que traiter la délinquance revient à mettre en évidence que nous n’avons pas pu, pas su la prévenir»… En effet.
Il indique pour terminer que, comme annoncé, un renfort de 65 gendarmes mobiles «viendra s’ajouter aux 107 gendarmes mobiles habituellement sur le territoire.» Ils seront déployés «dans les lieux les plus sensibles de notre île aux horaires identifiés comme les plus criminogènes».
Le retour de la sécurité semble, enfin, devenir l’enjeu numéro 1 du département.
RR
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