A notre arrivée au collège K2 à Kawéni, des cordes multicolores et de différentes longueurs tournoient dans les airs, invitant les jeunes à faire de même : « Les cordes violettes sont utilisées pour deux sauteurs en même temps, et les bleu-blanc-rouges, un seul », explique Hervé Cerisier, professeur d’EPS.
Un enseignant qui a relevé un double défi : implanter cette activité alors inconnue du territoire, dans son collège, et faire monter un groupe au championnat de France. « Je-n’y-croyait-pas ! », s’exclame Isabelle Hamon, la principale, « il a bataillé pour obtenir des fonds et organiser l’accueil de nos jeunes à Paris et au Havre. Je leur souhaite de gagner. » Elle nous avouera plus tard avoir une équipe enseignante « exceptionnelle. »
Un seul garçon
C’est en effet au Havre que se déroulent les championnats de France de la discipline, et Hervé Cerisier nous explique sa démarche : « J’avais rencontré l’année dernière le champion du monde de Double dutch, le français Jonathan Mahoto, qui nous a incité à participer et à développer ce sport à Mayotte. »
La plupart des élèves, de la 5ème à la 3ème, ont donc découvert la discipline en octobre, « avec des cordes fournies par la Fédération de Double dutch, que nous ne pouvons remplacer sur place à Mayotte », et un petit groupe d’élite s’est constitué, essentiellement des filles, « mais après un premier moment de méfiance, les garçons s’y mettent eux-aussi. D’ailleurs, en compétition de haut niveau, les équipes sont plutôt masculines. »
Les élèves ont récolté les fonds
Deux épreuves sont inscrites au programme des championnat de France : « La première ne concerne qu’un seul sauteur qui doit en deux minutes enchaîner le maximum de petits pas. Le meilleur a atteint 250 pas chez nous, enregistrés avec un compte-pas, comme dans les avions. » La seconde dure une minute et 15 secondes, « c’est du free style, avec trois participants qui enchainent des figures. »
Si l’enseignants se félicitent de leur large progression, les élèves, eux, sont un peu inquiets : « on a vu les vidéos des précédents championnats, ils sont forts en vitesse et en freestyle. » Pour partir, il a fallu boucler un budget de prés de 30.000 euros, « grâce à nos sponsors Mgen, Panima, Crédit Agricole, Maçonnerie de Koropa, Imprimah et Somagaz. Mais aussi et surtout, par la débrouillardise des élèves que nous avons incités à récolter des fonds, en lavant des voitures, en vendant des gâteaux ou des tee-shirts. » Ils sont encore en attente de la participation annoncée par la mairie de Mamoudzou.
Sur les 12 compétiteurs partants, 3 n’ont jamais pris l’avion, et le top départ, c’est lundi : « Nous allons passer 3 jours à Paris avant la compétition, pour visiter la tour Eiffel, le Champ de Mars, le Musée Grévin, Disney, le parc et le zoo de Vincennes. » Leurs yeux pétillent, et ils pourront compter sur leur reporter Rachel, pour retracer fidèlement leur voyage.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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