Présent pour 3 jours à Mayotte, il vient y adouber Gilles Martin comme porte-parole officiel, et faire connaître les propositions fortes du mouvement à un an de la présidentielle.
« Avec plus de 6% dans les sondages, nous sommes crédités de 6ème parti de France. Avec un million d’habitants sur La Réunion-Mayotte, nous devons être présents », avance Hugues Maillot, qui est aussi Délégué national à la continuité territoriale de l’Outre-mer.
Il n’a pas l’air trop ébranlé de découvrir un contexte mahorais tendu : « Mayotte est le symbole très fort du mal français : le renoncement. L’Etat n’exerce plus son autorité, ce qui débouche sur des situations inextricables. Si vous aimez vos enfants, vous usez d’autorité autant que de transmissions de valeurs. Ici, nous constatons un relâchement complet de l’appareil d’Etat. Ne pas agir, c’est faire souffrir à la fois les étrangers en situation irrégulière et les mahorais. »
Quand on a du pétrole…
En dehors de ce contexte, il ne voit aucune raison pour que Mayotte ne puisse pas se développer, « notamment avec une ouverture sur l’Afrique australe et le levier du tourisme, ce n’est pas pour rien que le lagon est en attente de classement au patrimoine mondial. »
Comme Alain Juppé, il fustige un manque de volonté politique envers l’Union des Comores, par pur intérêt économique : « J’ai assisté au sommet de la Commission de l’océan Indien en 2014, et j’y ai vu un président français qui se faisait insulter par le président des Comores pour des raisons de politique intérieure, sans dire un seul mot sur La Réunion ou Mayotte. Il était prêt à tout les compromis en raison de la présence de pétrole dans le Canal du Mozambique. L’Etat reste soumis à des féodalités. »
Les solutions préconisées par Nicolas Dupont Aignan sont de sortir d’un euro qui a surévalué les biens, et d’extraire l’Union Européenne de l’Europe : « Pensée à l’origine pour fédérer la paix autour des Etats, elle n’a pas empêché une guerre économique qui a déjà fait un million et demi de victimes en emplois perdus car délocalisés. » Une fermeture sur nous-même toujours dangereuse, mais dans laquelle il voit plutôt une occasion de se recentrer sur nos problèmes : « La France verse 9 milliards d’euros chaque année à l’Union européenne mais répète toujours qu’’il n’y a plus d’argent’. »
« La suppression du droit du sol n’est pas anticonstitutionnelle »
Il ne ménage pas non plus les politiciens mahorais , « notamment les parlementaires qui doivent avoir la force et le courage de s’imposer à Paris, en ayant leur propre vision du territoire. Mayotte ne doit pas faire de complexe. »
On connaît les solutions de Debout la France pour stopper le flux migratoire, « il faut restaurer les contrôles aux frontières », ce qui traduit pour Mayotte se décline en deux points : « Supprimer le droit du sol qui implique que tous les enfants nés sur le territoire peuvent demander à être français. Ce n’est pas anticonstitutionnel c’est le droit civil qui y autorise en proposant des adaptations pour les Outre-mer, à voter au Parlement. »
Une proposition que le sénateur socialiste Thani Mohamed Soilihi avait été le premier à relayer sérieusement, et que reprend Alain Juppé avec des aménagements conditionnés à l’absence de nationalité des deux parents. « Mais qu’a fait Alain Juppé pendant qu’il était premier ministre ? », questionne un Hugues Maillot qui fut aussi militant RPR en son temps.
Faire taire l’ONU
Et l’adoption d’une positon politique ferme avec l’Union des Comores : « Avec un contrat de co-développement de contrôle des départs de leur côté, contre une garantie d’accompagnement au développement de l’autre. »
Quant à la résolution de l’ONU derrière laquelle s’abritent nos voisins : « Lorsqu’il y avait eu une motion équivalente d’une association altermondialiste, censée contrer les politiques colonialistes à La Réunion ou aux Antilles, la France est bien arrivée à la faire taire. »
Pour Hugues Maillot, tout est un problème d’échange, de dialogue et de considération de nos voisins. Il préconise donc la création d’un poste de secrétaire d’Etat implanté et dédié dans la zone océan Indien, « il mènerait un dialogue avec les pays de la zone. »
Des idées, il en a. La garantie de pouvoir les appliquer même avec 5% de voix, moins. « En 5 ans, nous avons triplé le nombre de nos électeurs. Comme le dit un dicton réunionnais, ‘ne faisons pas la boue avant la pluie’, à un an de la présidentielle. On peut peser en étant élu, mais aussi avec un bon score. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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