37,8 millions d’euros. C’est le montant des prêts octroyés à Mayotte en 2015 par l’AFD, l’Agence française de développement. Cette somme est venue financer, directement ou indirectement, des projets porteurs de développement pour Mayotte.
«Depuis 2014, nous sommes légèrement en dessous de nos objectifs. Mais nous avons un petit nombre d’opérateurs, publics ou privés, qui ont chacun connu des moments difficiles», explique Patrick Salles, le responsable de l’AFD Mayotte.
Il faut dire, en effet qu’avec la SIM et ses difficultés de trésorerie, EDM qui a reporté des investissements, l’hôpital qui cherchait une solution pour son prêt toxique, le SIEAM en réorganisation, le SMIAM en dissolution, le département ou les communes dans le flou… la commande publique était en panne en 2015.
Les communes en difficulté
Dans le détail, le financement de l’AFD destiné au secteur privé a logiquement dépassé celui du secteur public de façon assez exceptionnelle: 14,4 M€ ont alimenté les opérateurs publics (collectivités territoriales, établissements publics, EPCI, SEM) et près de 23,3 M€ les entreprises privées, l’AFD assurant en effet l’activité de prestation pour la BPI France.
«L’an dernier, concernant les communes, nous n’avons pu financer que Koungou. Cette année, nous devrions pouvoir appuyer trois communes. La situation financière des communes de Mayotte ne leur permet pas encore de s’endetter. Elles sont encore dans le flou avec la nouvelle fiscalité locale, l’évolution de l’octroi de mer et la mise en place de l’intercommunalité vers laquelle les compétences d’investissement doivent être transférées», constate Patrick Salles.
228 millions d’encours
Du côté du secteur privé, l’Agence a octroyé des financements pour la construction future d’un centre commercial, financé le développement du port de Longoni ainsi que des petites et moyennes entreprises dans des secteurs d’activité très variés.
Les particuliers aussi sont concernés. L’AFD garantit en effet des prêts à des particuliers pour l’achat de logements sociaux.
Au 31 décembre 2015, l’AFD gérait à Mayotte un encours de prêts de 228,2 M€ tous secteurs confondus.
Mayotte, le petit DOM
L’Outre-mer représente 19% de l’activité du groupe et dans ce segment, Mayotte pèse encore très peu. En 2015, ce sont en effet plus de 1,57 milliard d’euros de prêts qui ont été octroyés en Outre-mer. Pour la troisième année consécutive, l’activité a dépassé le seuil du milliard et demi d’euros d’engagements, ce qui représente 3% du PIB ultramarin. Sur les 190 dossiers validés pour les DOM, La Réunion reste le premier bénéficiaire de l’action de l’AFD avec 392 millions d’euros, devant la Martinique (350M€), la Guadeloupe (283M€), la Guyane (94M€) et donc Mayotte, petit dernier avec 37M€.
«Il ne faut pas oublier que nous sommes un jeune département et une jeune région ultrapériphérique européenne. Les DOM plus anciens ont l’habitude de consommer des crédits européens qui connaissent une mise en place un peu longue à Mayotte, alors que nous avons un produit pour financer les investissements avant l’arrivée de ces subventions. Du côté de l’Etat, on se retrouve aussi avec la mise en place du contrat de plan», de quoi expliquer une activité en transition.
«Mais cette année, avec deux gros opérateurs (le CHM avec le financement de l’hôpital de Petite Terre et le SIEAM pour l’assainissement), nous devrions nous retrouver avec 30M€ de financement d’un coup», précise Patrick Salles.
Une évolution qui inquiète
Tout se présenterait donc plutôt mieux s’il n’y avait une ombre au tableau, une inquiétude portant sur le rapprochement de l’institution avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Une convention doit être établie entre les deux organismes d’ici au mois de juillet, l’Etat voulant adosser l’AFD à la CDC, pour lui permettre «d’augmenter ses activités de près de 50% d’ici 2020», selon les mots de François Hollande.
Mais cette évolution inquiète une vingtaine de syndicats ultramarins qui a écrit aux sénateurs et députés la semaine dernière, pour réclamer une commission d’enquête parlementaire sur l’avenir de l’institution.
«Le rapprochement a été abandonné et le projet de convention me semble être une bonne chose. C’est bon que les institutions publiques travaillent ensemble sur la problématique des Outre-mer. On peut s’apporter des analyses et des instruments financiers qui augmentent encore notre complémentarité», relève Patrick Salles.
Une conférence en septembre
L’AFD, installée à un poste privilégié pour observer l’évolution économique de Mayotte, va proposer une grande journée de réflexion le 12 septembre prochain au centre universitaire de Dembéni, avec une conférence sur «la transition et le développement durable à Mayotte».
Il sera question de la croissance inclusive (pour intégrer des populations marginales dans le développement économique), de l’accès au foncier, de la valorisation des déchets et des énergies renouvelables. Les contenus de cette journée remonteront ensuite à Paris pour alimenter un grand rendez-vous sur l’Outre-mer prévu au mois de décembre.
RR
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