« Pour le SE-UNSA Mayotte, l’Etat doit reprendre absolument ses prérogatives et faire cesser ces expulsions illégales. Le droit doit revenir au plus vite sur le 101ème département de la République française », c’est dans cet esprit que la Fédération UNSA Education Mayotte a abordé la rencontre avec les représentants du ministère de l’Education nationale hier à 14h à Paris.
Rappelant la situation à Mayotte, des établissements gigantesque dont « la taille fragilise la sécurité générale », « une sécurité aux abords des établissements pas assurée », des violences physiques envers le personnel, le syndicat évoquait un manque de moyens en personnel, notamment administratif.
Mais aussi le délogement des personnes d’origine étrangères, avec ou sans papier, en insistant sur la souffrance pour les enfants déscolarisés : « Presque 130 enfants dénombrés à ce jour le 19 mai dans le seul secteur du sud, 71 élèves expulsés pour le secteur du collège de Kani Keli, 80 dans les écoles du village. Il ne reste plus à ce jour que la moitié des élèves de la classe de CM2 à Choungui. »
« Des enseignants poussés au départ par des habitants »
Une situation qui impacte la vie des établissements : « Des incompréhensions assombrissent les relations entre les personnels et entre les élèves. La peur et un sentiment d’impuissance, de non respect des valeurs et des droits inhérents à la République envahissent les esprits. La déscolarisation des élèves en fin d’année scolaire au moment de l’orientation, des examens et des inscriptions à venir posent de réels difficultés: la perte de domicile, l’éloignement du lieu de scolarisation sont autant d’obstacles à la réinscription scolaire. »
Des enseignants qui saturent et auraient sollicité l’UNSA pour quitter le territoire : « Certains sont poussés au déménagement : de nombreux cas de locataires-enseignants chez des habitants virulents sont invités à partir très rapidement ». D’autres sont appelés la nuit « pour s’interposer entre villageois et titulaires de titre de séjour d’un an, expulsés ». Quand ils ne sont pas contactés par des familles « pour héberger des enfants ou ados, français, connus de tous localement, mais expulsés. »
« Devoir de neutralité du fonctionnaire »
Sur ces points, Jérôme Teillard, directeur adjoint du ministère de l’Education nationale, a rappelé la nécessaire prudence des personnels devant les problématiques de terrain, ainsi que les devoirs de réserve, de neutralité et de laïcité du fonctionnaire. Pas toujours facile quand on est devant des situations de détresse.
Néanmoins, les services sont sensibilisés, et sur les problématiques sécuritaires, indiquent que la vice-recteur « rend compte très régulièrement de la situation sur le terrain. » Il est sur la même longueur d’onde que le syndicat sur une nécessaire approche interministérielle, et non seulement par ministère, pour régler le problème de l’insécurité. Ses services vont étudier la possibilité de permettre aux enseignants mis en danger de muter hors période du mouvement, au cas par cas.
Etait également présente à cette réunion Sylvie Especier, Conseillère de la ministre Pau-Langevin. Si elle n’a pas souhaité commenter la position passive de l’Etat lors des « décasages », celle qui fut sous-préfète à la Cohésion sociale à Mayotte a souligné que cette question ne pourra être résolue sans le concours actif des élus. Elle a en outre indiqué à l’UNSA que le changement de Préfet permet de penser que les forces de l’ordre procèderont différemment pour les questions d’insécurité et d’immigration.
Les problématiques liés aux carrières des enseignants, aux bonifications lors des mutations, aux indemnités seront abordées lors de la réunion du 3 juin avec l’Intersyndicale de l’égalité sociale.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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