«Mayotte 2025», ils sont beaucoup à ne pas y croire. Certains y voient même un document inutile, sinon un leurre pour les mahorais. Pourtant, pour les défendeurs de ce document qualifié de «stratégique pour Mayotte» par le gouvernement, il s’agit pour la première fois d’avoir une véritable ligne de conduite claire pour le développement de l’île, en incluant les mahorais et surtout les élus mahorais dans sa rédaction et sa réalisation.
Un an après où en est Mayotte 2025? Le ministère des Outre-mer devait répondre à la question et a voulu marquer le coup en profitant de l’inauguration de la ligne directe Mayotte-Paris, pour organiser ce bilan à Paris. Du côté de la rue Oudinot, on retrouvait donc en plus de la ministre des Outremers, la vice-recteur Nathalie Costantini, des élus à l’instar du président Soibahadine Ibrahim Ramadani, des parlementaires Thani Mohamed Soilihi, Ibrahim Aboubacar et Boinali Said Toumbou, ainsi que le président de l’association des maires Said Omar Oili et Abdou Dahalani, le président du Cesem.
L’ambition et les soucis
Aujourd’hui, selon le gouvernement, 30% des objectifs sont déjà atteints comme la ligne aérienne directe, la gratuité des soins hospitaliers aux mineurs et aux femmes enceintes, la création du diplôme universitaire «islam et valeurs de la République».
Et parmi ceux qui sont en cours, on peut noter l’application du code du travail prévu pour 2018, la fiabilisation de l’état civil ainsi que la régularisation foncière et l’accès à l’eau. Le problème foncier et sa lente régularisation n’entrainera pas pour autant le gel des impôts fonciers dans notre département a précisé George Pau-Langevin.
La République se veut ambitieuse mais reconnait que Mayotte est un territoire «qui donne parfois quelques soucis» selon les termes de George Pau-Langevin.
Le bilan des exonérations de charges pour les entreprises
Mayotte 2025, ce sont six objectifs à atteindre pour le gouvernement, en commençant par «parachever la départementalisation» et proposer «une éducation de qualité et une politique d’insertion au service de la jeunesse afin d’assurer les conditions de réussite éducative de tous les jeunes de Mayotte». La ministre souligne que «l’essentiel du dossier a été engagé notamment en matière éducative».
Mais l’on ne pourrait développer l’île sans parler de l’économie, il faut donc aussi développer le tissu économique, qui souffre «d’un déficit d’équipements». Si le document prévoit le renforcement de filières économiques pérennes avec un soutien à l’emploi et à la compétitivité, la proposition du président du Medef Thierry Galarme de «création de zone franche», n’est à l’heure actuelle pas retenue.
George Pau-Langevin, propose d’abord de faire «le bilan de toutes ces exonérations des charges» dont bénéficient déjà les entreprises. «D’autres régions en France pourraient aussi demander la même chose», estime George Pau-Langevin.
La santé, le social et une nouvelle politique de l’habitat figurent également dans les objectifs de Mayotte 2025. Et enfin, le document prévoit «une gestion durable des richesses naturelles, pour valoriser la biodiversité du territoire et accélérer la mise en place des équipements indispensables à la gestion des ressources et des déchets».
« L’Etat a entendu Mayotte »
Alors que l’île traverse une crise sans précédent, la présentation de ce premier bilan annuel se veut une sorte de réponse à apporter à la société mahoraise «qui avait placé beaucoup d’espoir à la départementalisation», reconnait George Pau-Langevin. Une population qui, aujourd’hui souligne le manque d’Etat, dans beaucoup de domaines, notamment la sécurité ou encore la lutte contre l’immigration clandestine. «On a entendu les difficultés et on y travaille et la première réponse est ce bilan», affirme la ministre, rappelant aussi le plan «Mayotte Sécurité pour tous», annoncé la semaine dernière.
«On travaille pour que Mayotte progresse et que Mayotte respecte aussi les droits des personnes», avance la ministre en parlant des «décasages».
Ces délogements ont beau être qualifiés de sauvages, ils continuent à se faire malgré tout, même s’il y a une trêve pendant le mois de ramadan. L’Etat condamne mais n’empêche pas. «Les forces de l’ordre ont fait en sorte qu’il n’y ait pas de personnes molestées», explique-t-elle. «Difficile d’empêcher un propriétaire d’expulser quelqu’un de son terrain», reconnait George Pau-Langevin, qui invite les gens à passer par la voie légale.
Quant à la collaboration avec les Comores pour lutter contre l’immigration clandestine, elle semble toujours impossible. Il y a des chantiers dont on est certains qu’ils ne seront pas bouclés d’ici à 2025.
K.A
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