C’est une belle surprise qu’ont réservée au lauréat mahorais et ultramarin de la Fondation MMA, les salariés de son entreprise MAP, ainsi que les associations de jeunes du village : ils étaient venus en masse ce vendredi pour accueillir Tanchiki Maore à l’aéroport de Pamandzi, qui s’est teinté d’un coup de rose, la couleur de ses camions et de leur déclinaison sur ses t-shirts. « J’ai gardé mes lunettes, ils n’ont pas vu que j’ai versé des larmes d’émotion », nous confie-t-il.
Il pouvait brandir son trophée, encore tout chaud de la réception tenue ce 8 juin en l’honneur des 13 chefs d’entreprises choisis parmi 400, pour leurs initiatives locales de développement qui se caractérisent par leur réussite et leur exemplarité.
« J’ai eu la rage »
« Même les bouénis du village, entrainées par ma mère, sont venues ! » Le cortège restera formé jusque dans la barge, puis sur la place du marché à Koungou avec des danses traditionnelles. Des élus se sont aussi manifestés par de nombreux texto de félicitation.
Il revient pour nous sur cette soirée de mercredi dernier où il a reçu le Prix coup de cœur des Bonnes nouvelles des territoires de la Fondation MMA, pour l’ensemble de son entreprenariat, lui qui est à peine trentenaire. Et surtout, sur son discours : « En fait, j’ai eu la rage. J’ai voulu parler des possibilités de Mayotte, mais freinées par les problèmes que nous rencontrons actuellement. »
Et devant une pleine salle, dont les anciens ministres Jean-Pierre Raffarin, Maurice Leroy et Pierre Méhaignerie, il s’est lancé dans une critique musclée : « Aujourd’hui, tous les français partent en vacances dans des paradis. Et Mayotte est l’un des plus beaux. Maurice ne possède pas la moitié de nos richesses et vit à 60% grâce à son tourisme. Nous, à 0,1%. Or, si la France voulait bien mettre les moyens pour lutter contre cette tâche sociale qu’est la délinquance, tous les touristes viendraient en vacances ici, y dépenser un argent qui resterait en France plutôt que d’aller en Thaïlande ou ailleurs ! En plus, le vol direct va faciliter les arrivées ».
« Nous devons éduquer nos enfants »
Il n’a pas stigmatisé, mais mis chacun devant ses responsabilités : « Nous, les parents, nous devons éduquer nos enfants pour faciliter la tâche de l’Etat en matière de délinquance. Tout le monde doit s’y mettre. » Et c’est avec des tonalités quasi-gaulliennes qu’il a tenté de réveiller tout ce petit monde : « Des français ont perdu la vie pour que nous soyons en paix, et que nous vivions dans le confort. Et nous, nous demandons juste que chacun donne de l’énergie et de l’amour, pour que justement, nous trouvions la paix sur cette île. »
Sa pugnacité à défendre son île aura permis à Mayotte de voir décliner ses atouts dans les nombreux articles parus à cette occasion, comme sur le site de la Fondation MMA, ou le Figaro qui consacre sa réussite dans ses colonnes.
Sport-étude
Coïncidence, à l’aéroport, il a retrouvé le club de football des Jumelles de Mzouazia, qu’il sponsorise comme beaucoup d’autres à Mayotte : le basket à Pamandzi, le hand à Boueni, « quand un club me demande de l’aide, je la lui apporte dans la mesure de mes possibilités. » Dans ce domaine, il va d’ailleurs participer à la mise en place d’une section sport-étude, « dont l’accès sera soumis aux bons résultats scolaires. » Une manière d’encourager l’excellence.
Des projets il en a plein la tête, puisqu’un projet de desserte maritime pour passagers est dans les tablettes.
« Pour que les gens arrêtent de vouloir partir de Mayotte, et que l’on puisse s’allonger sur une plage sans se sentir en insécurité, il faut nous battre, à commencer nous les parents, sur l’éducation donnée à nos enfants »… Un prix qui va pouvoir regonfler à bloc cet optimiste de nature, Mayotte a tellement besoin de locomotive.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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