Les épreuves du bac à peine terminées, les corrections qui doivent débuter ce jeudi à Mayotte ont d’ores-et-déjà pris une dimension particulière. Sur fond d’insécurité et de psychose de certains enseignants, Thierry Wuillez du SNES menace de perturber les corrections s’il n’obtient pas du vice-rectorat la mise en place de mesures particulières pour assurer la sécurité des profs.
Il veut par exemple que des bus scolaires transportent les professeurs et non plus les élèves, pour lesquels le syndicat n’a par ailleurs pas demandé un surcroît de sécurité lors des épreuves.
L’objectif est de rassurer les correcteurs qui n’ont pas l’habitude de faire les trajets qu’ils vont être amenés à effectuer à titre exceptionnel.
Car lors des corrections d’examen, il est prévu que les professeurs quittent leur zone d’affectation dans le département. Ils doivent rejoindre les lycées transformés en centres de corrections thématiques.
Les correcteurs n’étant plus autorisés à Mayotte à emmener les copies chez eux, le travail des candidats est centralisé par matière dans un ou plusieurs établissements qui devien(nen)t le(s) centre(s) pour l’histoire-géographie, l’économie ou les mathématiques par exemple. Résultat, certains profs installés dans le nord doivent se rendre à Chirongui, des enseignants du sud vont devoir rejoindre Mamoudzou… etc.
La crise sécuritaire
Et c’est là que la psychose entre en ligne de compte. Car parler de psychose, implique une part d’irrationnel. Bien entendu, l’insécurité dont nous dressons malheureusement la chronique quasi quotidienne est une évidence à Mayotte.
Pour autant, les coupeurs de route n’ont, à ce jour, frappé que sur deux points du département: à Vahibé et Ongoujou-Tsararano. Mais ces événements étaient suffisamment marquants pour que certains professeurs ne veuillent plus prendre leur voiture par exemple pour passer à proximité d’autres points (sensibles pour d’autres raisons) comme Soulou ou simplement pour rouler après la tombée de la nuit.
La sécurité des axes sensibles
Les syndicats ont déjà exigé la présence de force de l’ordre sur ces axes et hier mardi, Thierry Wuillez critiquait l’absence de force de sécurité à Vahibé. «Je suis parti à 8h30 de Mtsangamouji et je suis passé par Vahibé. J’ai repris la même route au retour vers 15h30, il n’y avait aucune force de police dans la zone», alors que le vice-rectorat met en avant la volonté préfectorale de sécuriser ces axes.
Mais les forces de sécurité ne peuvent y être présentes 24h/24, car elles sont en effet gênées de devoir mettre des hommes dans des zones aux heures où il n’y pas de problèmes potentiels, privant d’autres endroits de leur présence et perturbant d’autres missions.
La tenue d’un CHSCT
«Une chose est sûre, on va obliger plusieurs centaines de personnes à se déplacer sur toute l’île, alors que ce n’est pas le moment», s’insurge Thierry Wuilliez, de façon probablement un peu exagérée… Il convient tout de même de rappeler que le pont de la Kwalé voit transiter plus de 20.000 véhicules par jour et que les syndicats enseignants ont déjà obtenu que l’amplitude horaire de ces fameuses corrections soit réduite, précisément pour éviter les bouchons majeurs et pour permettre aux correcteurs de circuler de jour.
Mais, Thierry Wuillez souhaite davantage. Avant de quitter le département, il a obtenu du vice-rectorat la tenue d’un CHSCT, un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail qui s’est réuni hier après-midi en présence de la vice-recteur.
Cette instance n’est pas décisionnaire mais peut faire des propositions et elle a eu à se prononcer sur les propositions des différents syndicats.
Une réponse attendue pour la journée
L’UNSA a ainsi demandé que l’autorisation soit faite à nouveau aux correcteurs d’emporter chez eux les copies. Il proposait aussi de réorganiser la ventilation des centres de correction pour que les correcteurs restent dans leur zone d’affectation, les déplacements étant ainsi au plus proche du domicile. Cette dernière demande est également portée par le SNES.
Et si cette dernière proposition n’est pas satisfaite, le SNES veut donc que des bus assurent le transport des correcteurs et que le co-voiturage entre enseignant soit favorisé en permettant de connaître les affectations des collègues.
Pour le syndicat, ces exigences doivent être satisfaites très rapidement: le SNES veut une réponse du vice-rectorat dans la journée sous peine de déposer un droit de retrait, chaque enseignant étant alors libre de son choix.
Pas d’influence sur le calendrier
En cas de droit de retrait effectif, Thierry Wuillez indique que des enseignants «solidaires» se sont déjà proposés pour corriger des copies de ceux qui choisiraient de ne pas se déplacer. D’autres, en revanche, font valoir qu’un surcroit de travail sera imposé à ceux qui se rendraient dans les centres de corrections.
Mais tout ceci ne devrait avoir que très peu d’influence sur la suite de l’examen, sur la publication des résultats comme sur la tenue des épreuves du 2nd groupe.
RR
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