Les associations Cimade, Gisti, Secours Catholique, Médecins du monde, Ligue des droits de l’homme ainsi que trois plaignantes de la place de la République avaient déposé plainte en référé liberté contre la préfecture de Mayotte et la commune de Mamoudzou, pour demander le “relogement en urgence des familles place de la République”, et en attendant, de mettre en place des mesures préservant la dignité, la sécurité, la salubrité et plus généralement le respect des droits fondamentaux des personnes décasées.”
Maître Ghaem, qui avait déjà gagné pour les mêmes associations un combat au tribunal contre une marche visant à déloger sur la commune de Kani Keli, réitérait donc aujourd’hui sur un jugement en urgence.
Conditions dégradées
L’avocate revenait sur l’historique de leur arrivée place de la République, “regroupées dans l’espoir qu’ensemble elles seraient plus fortes. Finalement, on a une impression de pourrissement de la part de la préfecture.”
Ces personnes, “150 à 200” selon l’avocate, ont vocation à rester sur le territoire, puisque détentrices d’une carte de séjour. Mais les conditions commençaient à se dégrader fortement, avec des matelas souillés, et des malades envoyés régulièrement aux urgences, expliquaient-ils ce matin sur la place de la République.
“Une opération de relogement est en cours!”, déclare le conseil de la préfecture en pleine audience
Les discours ne convergeaient pas pourtant, puisqu’il était hors de question ce matin pour les “décasés” de rejoindre le gîte de Bengalé, “c’est juste pour 14 jours. En plus, il y a de la délinquance là-bas.” Le propriétaire Michel Ngoma avait fait cette offre jusqu’à la fin du ramandan. Il nous glissait par la suite avoir reçu la visite de la préfecture cet après-midi pour aboutir à une solution.
Accusée lors de l’audience de cet après-midi à 16h, la préfecture assurait avoir envoyé médecins et sanitaires au moment voulu. Après que l’avocate ait repris la parole pour déplorer des toilettes fermées à 17h le soir, le conseil du préfet se levait et déclarait sobrement: “une opération de relogement est en cours”, laissant le président Chemin sans voix.
Me Ghaem demandait des garanties: “Toutes les personnes présentes sur la place seront-elles prises ? Pour quel délai?” “Sans date buttoir”, répondait la préfecture. La police est en effet sur la place. Un peu décontenancé, le juge, qui n’était pas loin de condamner la préfecture, s’enquérait auprès de Me Ghaem, “c’est ce que vous vouliez?” Dans une réponse affirmative mais méfiante, il était convenu de se retrouver demain, jeudi, à 9h pour constater le relogement.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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