Pour sa 9ème édition, le Rallye du patrimoine des Naturalistes s’offre des nouveautés. Le nombre de participants d’abord, « c’est un record de 41 classes et de 1.200 participants cette année », se félicite Nicolas Régis, animateur de l’association des Naturalistes de Mayotte. C’est ensuite l’étendue des sites historiques découverts : « alors que nous avions rajouté Petite Terre l’année dernière, nous avons mis en place un circuit dans le sud en 2016. »
Les CM2, 4ème et 2de des établissements participants ont donc pu découvrir ou redécouvrir leur île.
Le Centre, parce qu’il recèle les vestiges de l’usine sucrière de Soulou, le séchoir à coprah de Mtsangamouji, les alambics artisanaux d’une exploitation d’Ylang à Combani, était l’occasion de revenir sur les milliers de « travailleurs engagés » qui servirent de main-d’œuvre. « L’échec de l’industrie sucrière au tournant du siècle a amené les colons à se tourner vers d’autres formes de cultures commerciales : coprah, café, citronnelle, sisal, vanille, ylang. Cependant, jamais l’île ne parvient à devenir grosse productrice. Après le démantèlement des domaines coloniaux et leur reprise par des exploitants mahorais il ne reste que la vanille et l’ylang comme productions notables. »
Un village en rafia
En Petite Terre, c’est le peuplement de Mayotte et son islamisation, qui était à l’honneur, avec la visite des vestiges de la mosquée de Polé, puis la visite du Rocher de Dzaoudzi avec la mise en valeur des bâtiments historiques témoins des premières installations de l’état colonial à Mayotte
Et enfin, le sud découvrait ses richesses, avec la visite des vestiges de l’usine sucrière de Miréréni, puis la visite de la mosquée d’Antana Be à Poroani et enfin par la visite des bangas traditionnels de chez « Jaccuse » à Tsimkoura. « Le village d’Antana Be nait d’une famille Malgache originaire de Sainte Marie qui fut aussi un port de transit sur l’île de ces différentes productions, notamment du coprah et du sisal. La mosquée construite en dur est le seul vestige de ce village construit en raphia qui a dû s’éloigner du rivage à cause de la montée des eaux. »
Un programme rendu possible grâce aux partenaires des Naturalistes, le vice-rectorat, qui assurait la logistique des transports, et la Direction des Affaires culturelles de la préfecture.
Une brochure commercialisable
A l’issue de leur rallye sur le terrain, les élèves devaient imaginer des productions. Et elles furent originales. Une des lauréate, la classe de 2de ASSP du lycée de Kahani présentait notamment sa série de photos en 3D et plastifiée, ainsi qu’une maquette résumant leur découverte.
Les 4ème SEGPA de Mtsangamouji ont élaboré une brochure plastifiée reprenant les dates clé de l’Histoire de Mayotte, « nous réfléchissions à la commercialiser par la section vente du collège. » Ils ont aussi confectionné une louche à partir de coco et de bambou, ainsi qu’un dessous de plat au motif de palmier, « en collant des morceaux de verre sur un carré de contreplaqué. »
Plus à l’aise au micro, une élève de 4ème Magellan du collège de M’gombani, expliquait ce qu’elle en avait retiré : « Le rallye du patrimoine nous a permis de mieux nous connaître, de comprendre ce que l’on aime au fond de nous, parce qu’avant, on ne le savait pas. »
Ils ont écrit et joué une pièce de théâtre qui sur la période d’activité des usines sucrière, et de sa main d’œuvre constituée d’engagés, et des cueilleuses d’ylang-ylang. Avec une morale de l’Histoire, qui appelle les jeunes à se mobiliser : « Nous avons perdu nos connaissances, remettons à l’honneur nos savoir-faire. Pas de marché mondial des épices sans Mayotte ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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