On n’est pas sur celui de Brive-la-Gaillarde dont se délectait Brassens, mais il y a du crêpage de chignons dans l’air autour du marché de l’Ide. Si les « braves pandores », plutôt des policiers municipaux dans ce cas, ne courent heureusement pas les mêmes risques d’hécatombe que dans la chanson, ils étaient quand même en première ligne ce lundi matin place du marché : « Nous sommes attentifs à l’absence de débordement ».
A leurs côtés, des barnums de stand, toujours repliés, sont en attente d’une autorisation. En effet ce week-end, la mairie a publié un arrêté interdisant la tenue du marché de l’Ide sur la place de la République, lui préférant le terre-plein de Mtsapéré, qu’elle a aménagé pour l’occasion. Mais les commerçantes ne l’entendent pas de cette oreille.
« La place de la république est centrale, par rapport au passage des touristes et à l’arrivée des barges. A Mtsapéré, je ne vais par rentabiliser mon stand, je vais vendre à perte ! », nous expliquait l’une d’elle. Le coût du stand est à peu prés le même sur les deux sites, relate-t-elle, de 250 euros pour 3m2 jusqu’à la fin du Ramadan.
Convention avec le département
Surtout, c’est au marché couvert qu’elle a déjà son box, et donc son stock. C’est la période où elles peuvent exposer devant les badauds leurs marchandises, djellabas, saris, boubou, kofias, chaussures, mais la Foire Ramadan est également ouverte à l’ensemble des commerçants de l’île.
Elles ont reçu l’appui du président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, Mohamed Ali Hamid : « En tant que gestionnaire du marché couvert, nous devons accompagner nos commerçants sur des évènements. Nous avons d’ailleurs signé une convention en ce sens avec le conseil départemental, propriétaire du foncier de la place de la République, pour que s’y tiennent la Foire ramadan et le marché de Noël. »
35.000 euros de gardiennage et nettoyage
Il annonce d’autre part avoir envoyé aux principaux acteurs, préfecture, département et mairie de Mamoudzou un courrier dans ce sens, « sans réponse de la mairie. Par contre, ils viennent de publier un arrêté l’interdisant dans le centre ville pour raison d’insalubrité et de sécurité. » En réponse, Mohamed Ali Hamid avance les factures de la dernière foire, précisément pour palier à l’insécurité, « 25.577 euros de gardiennage », et à l’insalubrité, « 2.000 euros de nettoyage et 7.392 euros de factures SMART pour les déchets. »
Nous n’avons pu joindre le 1er adjoint au maire Bacar Ali Boto, mais il est vrai que la mairie a aménagé le site de M’tsapéré depuis un mois, grillageant les lieux destinés au marché, et qu’elle s’est vraisemblablement basée sur la Foire Ramadan 2015 qui s’était tenue à Mtsapéré, sans faire plus de bruit que ça… « Nous n’avions pu trancher à cette époque, car la CCI était dans une période de turbulence », glisse le président de la Chambre. Qui reproche à demi-mot à la mairie de vouloir récupérer la gestion du marché.
La foire concerne plus de deux cent commerçants selon lui, et il est en tout cas urgent de trancher, chaque jour représentant un manque à gagner, il suffit de voir le monde qui se presse à celle de Majicavo Dubaï pour s’en persuader.
Le président de la CCI est reçu depuis 16h30 par la directrice de cabinet du préfet, afin de trouver une solution d’emplacement.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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