« Les départements et les collectivités d’outre-mer connaissent depuis plusieurs mois une hausse importante des violences et des atteintes aux biens mais aussi des incivilités. Cette évolution de la délinquance et le fort sentiment d’insécurité qui en résulte mais aussi la part croissante des mineurs et des jeunes majeurs dans ce phénomène appellent une mobilisation immédiate et soutenue de l’État », explique le ministère des Outre-mer.
Le Plan sécurité Outre-Mer est donc censé préserver la « solidité du pacte social comme le développement local ». Face à ces enjeux, trois axes ont été dégagés : la Gouvernance, l’Elargissement des champs lutte, et l’Adaptation du dispositif aux enjeux locaux.
En préambule, George Pau-Langevin rappelle que « cela suppose un engagement de tous, services de l’État, élus, collectivités territoriales, communauté éducative et acteurs de la société civile. »
Audit à Mayotte
La gouvernance sécuritaire en Outre-mer passera notamment désormais par une Conférence nationale, placée sous la présidence des ministres de l’Intérieur et des Outre-Mer et réunissant tous les acteurs de la sécurité outre-mer (préfectures, forces locales, administrations centrales, élus, experts), qui se réunira deux fois par an afin de dresser le bilan des actions conduites en matière de prévention et de lutte contre la délinquance.
D’ailleurs, et dans le prolongement des inspections conduites à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie, les inspections générales de la police et de la gendarmerie nationales seront sollicitées au cours du second semestre 2016 pour réaliser les audits des dispositifs locaux de sécurité intérieure. Les conclusions de ces travaux, en matière d’organisation ou de besoins en effectifs, seront présentées par les inspections lors de la première Conférence nationale pour la sécurité outre-mer.
Des militaires pour lutter contre l’immigration
Parmi les propositions, de nouvelles Zone de sécurité prioritaire (ZSP) pourraient voir le jour, une cellule d’animation départementale sera créée dans chacun des départements et intègrera notamment la communauté éducative, les assistantes de service social et les associations œuvrant à la prévention de la délinquance juvénile et du décrochage scolaire.
Sur le 2ème axe, on note le ciblage des détentions illégales d’armes à feu, et la coordination de la lutte contre le trafic de stupéfiant et des réseaux, par une synergie accrue entre police et gendarmerie et les services d’enquêtes, comme le Plan pour Mayotte l’avait déjà intégré.
Pour assurer une réponse rapide en cas de troubles ponctuels, comme Mayotte en avait connu à Doujani, un « Groupe tactique projetable » pourra être envoyé depuis la métropole.
Les militaires relevant du ministère de la Défense pourront être sollicités, en coordination avec la gendarmerie, notamment sur le contrôle de flux, de lutte contre l’immigration irrégulière et de lutte contre les trafics.
Moins d’administratif
Un axe intéressant, et qui pourrait être pris comme une réponse aux critiques d’Alain Juppé sur la charge administrative qui pèse pour plus de la moitié du temps sur l’activité des forces de l’ordre : une dématérialisation des procédures judiciaires est à l’étude « afin d’alléger significativement les charges administratives des forces de sécurité. »
Pour déceler des situations à risque avant qu’elles ne basculent, la présence de travailleurs sociaux au sein des services de police et de gendarmerie est envisagée.
Le Fonds Interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) pourra être sollicité. Et notamment dans le cadre de la lutte contre la radicalisation, avec des ponts vers les familles, les collectivités locales, et avec surtout « un suivi social de ces personnes au plus prés de leurs lieux de vie », et toujours des relations de confiance avec les représentants du culte musulman.
Enfin, un renforcement des effectifs est annoncés, tant en policiers, avec « l’ouverture de 160 postes d’encadrements et d’application et 210 adjoints de sécurité », qu’en gendarmes «300 postes supplémentaires entre 2017 et 2019, dont 179 dès 2017. » Rappelons qu’ils seront 42 à arriver à Mayotte en juillet, et qu’en matière de policiers, on en attend 76 supplémentaires.
La rénovation des commissariat est programmée, annoncée pour Mamoudzou et Cayenne., tout comme les brigades de gendarmerie.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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