Elles arrivent mais sont encore discrètes. Les baleines rejoignent actuellement les eaux de notre région sans se presser. Depuis le début du mois, quelques observations ont été réalisées dans les différentes îles, comme à Mayotte, avec deux signalements sur la plateforme participative Tsiono. On y voit des individus repérés au large de Mtsamboro et d’autres dans la zone de Bouéni. Comme l’an dernier, dans toute la région, c’est l’attente et même l’impatience après une dernière saison très calme.
L’an dernier, il avait fallu attendre les mois d’août et de septembre pour que les mammifères marins se présentent même s’ils étaient moins nombreux que par le passé. A Mayotte, Tsiono avait ainsi comptabilisé 7 observations en juillet puis 40 et 45 les deux mois suivants.
A La Réunion, seules 28 baleines avaient été dénombrées durant toute la saison par Globice (Groupe Local d’Observation et d’Identification des Cétacés). On est très loin du record de 171 enregistré en 2011. Et la situation avait été identique à Rodrigues et à même à Sainte-Marie, haut lieu de pèlerinage des baleines à bosse, où l’association Cétamada confirme les tendances observées partout ailleurs, pour l’année dernière comme pour cette nouvelle saison.
La 2e édition du festival de Sainte-Marie
«La saison a débuté doucement. Mais ce n’est pas une surprise. Car nous avons constaté une baisse des observations ces dernières années», confirme Henry Bellon, le président de Cétamada qui travaille localement à la préservation et la mise en valeur des baleines. Mais Sainte-Marie, même avec un nombre de baleines plus faible, reste la destination de référence. Des dizaines d’individus y ont déjà élu domicile et pour les touristes, les conditions d’observation sont optimales.
La petite île au nord-est de Madagascar vient d’ailleurs de clôturer la 2e édition de son «festival des baleines», dix de jours de festivités avec de nombreux événements sportifs, des spectacles, une foire-exposition, des concerts, des projections de documentaires… et la très prisée élection de «Miss Baleines».
L’enjeu touristique des baleines
Le Français Jacky Jayat, qui pilote le festival est heureux de la montée en puissance de l’événement: «Nous continuons de grandir. Nous avions imaginé cet événement en partant du constat que malgré ses immenses atouts, l’île souffrait d’un déficit de notoriété. Nous nous sommes fixés deux objectifs: rayonner à l’international et devenir un rendez-vous majeur dans l’océan indien… Mais aussi impliquer la population locale. Tous les villages de l’île ont joué le jeu et se sont mobilisés cette année».
A Madagascar, le développement d’un produit touristique basé sur les baleines permet en effet de valider l’idée de la préservation: la présence et le bien-être des mammifères marins deviennent un enjeu commercial. L’île de Sainte-Marie avait ainsi accueilli en 2015 un congrès mondial sur les baleines dont l’édition 2017 pourrait être organisée à la Réunion.
Encore la faute à El niño
Mais malgré la fête, partout les explications manquent face à la diminution des visites des baleines dans la zone. «On essaie de comprendre pourquoi… La température de l’eau a augmenté de deux degrés. Les baleines y sont sans doute sensibles. Venues du sud, elles n’ont peut-être plus besoin de remonter si haut pour mettre bas. C’est la piste que nous privilégions», explique Henry Bellon, qui travaille sur le volet scientifique du Festival.
Encore une fois, c’est donc le phénomène El Niño qui est pointé du doigt.
A l’heure actuelle, seuls 5 mammifères ont été observés à La Réunion… mais partout, les professionnels comme les scientifiques se montent optimistes.
«Nous avons une dizaine d’observations par jour à Sainte-Marie. Il y en avait beaucoup moins l’an dernier. Je pense que la concentration de baleines sera plus importante cette année», relève Henry Bellon. «Les choses semblent redevenir normales avec des températures de l’eau plus classiques. J’ai l’espoir d’une bonne saison». C’est aussi le cas chez nous.
RR, le JDM
avec le JIR.
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