Ismaela Mdérémane Saheva a donc été élu à la tête de l’interco du sud de Mayotte. L’institution regroupe quatre communes mais elles ont eu, jusqu’à présent, bien du mal à lier leur destin. D’un côté, Chirongui et Kani-Kéli, de l’autre Bouéni et Bandrélé, qui ont œuvré, chacune de leur côté, pour prendre en main la structure. Joutes politiques, combats judiciaires… l’interco était au bord de la destruction avant même d’être réellement née.
Pourtant, le nouveau président relativise ces mois de tensions et de blocages : «Vous dites que nous nous sommes déchirés. C’est un bien grand mot», explique Ismaela Saheva au JDM. «Les échanges ont été assez vifs, c’est normal, c’est la politique mais maintenant, pour travailler ensemble, tout n’est pas perdu», affirme-t-il.
Et de fait, dans l’intérêt de la communauté et dans celui de chacune des quatre communes, il va falloir se retrouver. «Nous sommes obligés de nous entendre. J’ai besoin du conseil municipal de chaque commune comme ils ont besoin de moi. C’est un intérêt partagé, c’est le but même de l’interco. C’est pour ça qu’elles ont été créées pour mettre nos intérêts en commun», relève Ismaela Saheva.
Pas encore sous tutelle
Pour l’interco sud, c’est désormais la course contre la montre pour boucler deux dossiers essentiels voire vitaux: le budget et l’approbation des taux d’imposition. «Nous ne partons pas de zéro», nous explique Chanoor Cassam, le DGS de Chirongui. «Deux budgets ont été préparés par chacun des deux blocs qui s’opposaient.» Ces deux moutures budgétaires différentes ont été présentées à la préfecture qui, certes n’a pas pu les valider, mais qui lui ont permis de voir que les techniciens n’attendaient pas la fin des luttes politiques pour travailler.
Ainsi, comme elle aurait pu le faire, la préfecture n’a pas saisi la chambre régionale de comptes pour non présentation de budget. Conséquence, les élus de l’interco ont encore la possibilité de finaliser eux-mêmes un budget sans être sous tutelle. Mais il faut aller vite. «Dès aujourd’hui, nous négocions avec la préfecture», indique Chanoor Cassam. Il s’agit de se caler sur les délais laissés à la communauté de communes pour boucler ses obligations malgré les retards.
Le budget, peut-être dès la semaine prochaine
Même si les convocations ne sont pas encore parties et l’agenda précis pas encore calé, il se pourrait que l’interco se réunisse à nouveau dès la semaine prochaine pour valider son 1er budget et les fameux taux d’imposition. Si les élus y parviennent, la dotation de l’ordre de 500.000 euros qui lui est destinée pourrait ne pas être perdue et pourrait être employé dès cette année et l’an prochain, avec un jeu comptable de «reports de crédits».
Quant à la suite, elle ne s’annonce pas forcément facile. «Lorsqu’une interco dispose d’une majorité large, de l’ordre des deux tiers, la liberté est grande pour réaliser des projets. Malheureusement, là, ce n’est pas le cas», note Chanoor Cassam. De fait, le bureau et le président ont été élus avec 17 voix sur 30.
Tendre la main dans un intérêt partagé
«Je tends la main à ceux qui n’ont pas voté pour moi», dit une nouvelle fois le président. «Il reste encore les présidents de commissions et les délégations, par exemple au SIDEVAM, à pourvoir. Tout n’est pas perdu. Je vais engager le dialogue avec les élus, tous les élus. Mais j’attends aussi des actes, des comportements de tous les jours qui montreront la volonté de faire avancer nos dossiers. Je ne pourrai pas réaliser des investissements et des projets sur leur commune sans leur accord. Encore une fois, notre intérêt, c’est d’être ensemble», conclut Ismaela Saheva.
L’avenir dira si l’interco peut effectivement se mettre en route, malgré une naissance bien compliquée… Sachant qu’un appel de la décision du tribunal administratif court toujours. Cet appel continue de faire peser une épée de Damoclès sur la jeune interco.
RR
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