Bien entendu, il s’agissait de faire un point sur le Plan Sécurité et Immigration que Bernard Cazeneuve a concocté pour Mayotte. La mesure 3 en particulier qui appelait à une meilleure gouvernance dans la lutte contre l’immigration clandestine. A la double question “qui fait quoi?”, le préfet a répondu par une planification mensuelle qui débouche sur une opération ciblée par jour, en partenariat avec les maires et la police municipale, doublée d’opérations conjointes PAF-gendarmerie.
Autre point du Plan, le renforcement des moyens nautiques. Ils le seront en 2017,et sur la base d’un cahier des charges rédigé pour uniformiser les moyens nautiques à moyen terme, se doter des mêmes coques permettra en effet “d’améliorer la maintenance, et donc la disponibilité sur l’eau des bateaux intercepteurs”.
Des moyens extérieurs comme l’Odet ou le patrouilleur Le Malin, viendront en appui quelques jours, avec le Falcon 50, “et en début d’année, un possible renfort de la gendarmerie maritime,mais à confirmer”, glissait le représentant de l’Etat.
21% de reconduites en plus
En attendant, les contrôles ont déjà été intensifiés, au point d’intercepter 11 kwassas le week-end du 15 août, comme l’avait annoncé le secrétaire général de la préfecture. “Il y avait 20% de mineurs à bord”, ce qui permet selon le préfet de tordre le cou à la rumeur qui suspecte une forte immigration des plus jeunes aux abords de la rentrée scolaire.
Pour optimiser encore les recherches, le système de radars sera modernisé, “nous acquérons le même que sur le porte-avion Charles de Gaulle.”
Autre travail en cours, toujours dans l’esprit d’optimiser l’existant, “un contrat opérationnel est rédigé entre les service de lutte contre l’immigration clandestine en mer: police aux frontières, gendarmerie, douanes, armée, “chacun s’engage à effectuer un certain nombre de jours en mer.”
Nous en sommes à 14.331 éloignements au 19 août 2016, “soit 21% de plus que l’année dernière à la même date.” On sait également que les premières demandes de titres de séjour ont diminué de 30%, “6.800 octroyés à la mi-août, ce qui nous amènera à 11.000 environ à la fin de l’année, contre 18.000 demandes fin 2015.” Difficile de savoir par contre si cette chute des demandes de titre de séjour correspond à un fléchissement des arrivées. Dans le cas contraire, les étrangers se placent de fait dans une situation durable d’irrégularité.
Le parquet saisi pour suspicion de fraude
Trois explication à cette baisse des demandes pour Frédéric Veau: “le message que les frontières sont tenues est passé, nous effectuons davantage de contrôle sur le terrain et nous avons observé une plus grande rigueur dans la gestion des demandes en vérifiant la véracité des justificatifs. Nous avons d’ailleurs saisi 40 fois le parquet ces dernières semaines pour des suspicions de fraude.”
Quant aux 130 personnes décasés logeant aux Bengalis, et qui vont bientôt perdre leur titre de séjour faute de certificat d’hébergement, le préfet se veut optimiste: “Nous ne sommes plus dans la situations catastrophique de la place de la République! Nous recherchons désormais des solutions au cas par cas avec la Croix rouge.”
Un spécialiste de l’immigration au ministère de l’Intérieur passé à Mayotte
Il confirme les rencontres régulières entre sa directrice de cabinet et le Collectif du sud, qui avait pratiqué les premiers décasages, “mais je ne peux en aucun cas agir sur une quelconque loi, ou sur des revendications qui relèvent plus de la campagne pour les présidentielles”, comme la remise en cause du droit du sol.
Évoquant la loi du 7 mars 2016, plaçant Mayotte dans le droit commun en matière d’entrée et de séjour des étrangers, le préfet tenait à préciser les choses. Selon lui, il y a peu de chances que les deux points évolutifs que sont le recours contre une expulsion et le passage devant le juge des libertés dans les 48 heures, soient une révolution : “Le chargé des question migratoire du ministère de l’Intérieur est d’ailleurs venu ici début juillet. Les recours existaient, et nous en avons très peu, et le temps moyen de séjour au Centre de rétention administratif est de 17h, donc insuffisant pour passer devant un juge.” Il programme cependant l’implantation d’une salle d’audience à proximité du CRA, “comme c’est le cas prés de Roissy”.
Des résultats sur un thème migratoire qui est devenu le souci majeur de l’île, et la préoccupation première de la plupart des Mahorais.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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