Il affiche un sourire qui résume sa joie d’avoir relevé le défi, et déjà l’envie de faire mieux. « Nous avons joué la première en représentation là-bas, après seulement une résidence à Mayotte », confie-t-il. Les comédiens avaient joué des bribes de pièce, des « flash », qui avaient incité Greg Germain », le directeur de la Chapelle du Verbe Incarné dans la « Cité des papes », à les faire venir. Et il a été agréablement surpris, « il a eu un coup de cœur dès la première représentation. »
Il y en a eu 21 durant le mois de juillet du Festival off. « En fin de mois, environ 600 spectateurs avaient vu la pièce », pas mal quand on sait qu’environ 1.460 spectacles se partagent le mois, et 40 au Festival « in ».
Le dzendzé a apparemment séduit le public, « nous avons beaucoup travaillé sur le son pour être fidèle à l’instrument », et la pièce s’est affinée au fil des représentations, « d’une heure cinq, nous avons fini avec un spectacle de 55 minutes. La dernière a été la meilleure ! »
Appel du pied vers le département
Ceux qui l’ont manquée à Avignon retrouveront la pièce à Kani Kéli les 16 et 17 septembre, « et elle sera diffusée en janvier sur France Ô. Quelques contacts ont été noués, pour poursuivre l’aventure en métropole l’année prochaine.
« De toute manière, nous avons besoin que nos projets soient soutenus. Nous avons eu la chance que la Direction des Affaires culturelles de la préfecture de Mayotte nous accompagne, mais nous avions créé la compagnie Ariart avec le secret espoir d’envoyer un signe fort au département. Il faut comprendre que nous véhiculons une image positive de l’île en métropole, et nous ne pouvons toujours pas vivre de notre art. »
Bien qu’Ariart soit considérée comme la seule compagnie de théâtre professionnelle de l’île, avec ses 6 salariés, le compte n’y est pas, « 90% de notre implication est bénévole, 10% de rémunérés.
Ils ont heureusement diversifié leur activité en collaborant avec l’Université de Dembéni ou le lycée de Mamoudzou, « nous semons des graines parmi les jeunes, certains sont talentueux. L’un d’entre eux part d’ailleurs à l’école de théâtre de Toulouse. Et le théâtre de proximité, ça fonctionne, puisqu’autour de Kani Kéli, plusieurs jeunes des villages voisins nous suivent. »
Ces vendredi 26 et samedi 27 août, Ariart propose la pièce « Victor Magloire dit ‘Waro’ » de la compagnie réunionnaise Ibao, à 20h à la MJC de Kani Keli.
El Madjid Saindou ne veut pas aller planter son théâtre ailleurs qu’au bout de son île, il a encore beaucoup de paroles à porter sur l’histoire de sa population.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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