« J’ai vu le croissant de Lune, heu, de soleil », cette élève de 5ème du collège de Sada y perdait ses connaissances tant le phénomène était impressionnant avec les lunettes obscurcissantes. « Je suis déçu, il ne fait pas nuit ! », s’exclame un de ses voisins de lunettes, « heureusement, j’aurais eu bien trop peur », lui répondait-elle.
Une éclipse annulaire, et encore pas tout à fait. C’est ce qui explique qu’à midi et demi, le soleil ait continué à briller en dépit de son occultation par la Lune. La luminosité est seulement devenue plus dure, blanche, une impression d’avoir changé de planète…
Au collège de Sada, on s’était préparé (lien), et les enseignants n’avait pas fait les choses à moitié : « j’ai percé une feuille de trous alignant le mot SADA, qui projettent sur une feuille les avancées de l’occultation. En les prenant en photo de manière régulière, je reconstitue l’éclipse », explique Hakima Zaalouk, l’enseignante en charge du stand observation, et à l’origine du projet « éclipse » avec Carole Bidois et Mahewa Wansulama. Elle amuse les élèves en projetant l’ombre des trous d’une écumoire sur le sol, ce sont autant de mini éclipses.
L’Eclipse des Pink Floyd
En parlant d’ombre, l’expression artistique n’avait pas été oubliée, puisque les élèves dessinait la leur sur le sol, « c’est aussi un rappel de l’origine du dessin, qui reviendrait, selon une légende grecque, à une servant de Corinthe, qui, à la lumière d’une bougie, avait croqué l’ombre de son amoureux partant à la guerre », explique un enseignant.
Vers 12h40, au maximum de l’éclipse, s’élève dans la cour la musique de Star Wars : les musiciens eux aussi ont su traduire en note, ce que leur inspirait l’espace et ses mouvements d’astres, et les élèves ont découvert le morceau « Eclipse » du « Dark side of the moon » des Pink Floyd. Autre rythme, autre temps le clin d’œil du « Soleil a rendez-vous avec la Lune » de Trenet.
« Ni malaise, ni crise de djinn »
Nous l’avions évoqué avec lui, pour le principal Fabrice Alvarez, l’enjeu est double : « Ce fut une super cohésion des enseignants dès la rentrée, qui a mis en évidence l’esprit d’équipe qui règne dans le collège, mais aussi une portée pédagogique sans équivalent pour les élèves, avec une exploitation du phénomène qui va les mener jusqu’à la fête de la sciences de Chiconi, dont le thème colle parfaitement, ‘Un univers de curiosité’. Il nous faudrait ça tous les ans ! »
Une équipe pédagogique qui a du gérer 600 enfants en matinée, et autant dans l’après-midi, autour des 5 ateliers, et des 600 paires de lunettes provisionnées par l’établissement. « Tout s’est bien passé, nous n’avons eu ni malaise, ni crise de djinn », sourit Fabrice Alvarez.
Le 5ème atelier était hautement didactique puisqu’il projetait 5 minutes d’un « C’est pas sorcier » sur l’éclipse, et grâce à Jamy, les élèves apprenait que la Lune, tournant autour du soleil sur un plan incliné, l’alignement de notre planète avec notre satellite et l’astre solaire n’était pas systématiquement occultant pour l’un ou l’autre. Autre condition, il faut être en période de Nouvelle Lune, lorsque celle-ci se trouve entre la Terre et le Soleil, avec une face visible non éclairée par le Soleil donc.
La prochaine éclipse à Mayotte est prévue pour le 21 juin 2020 mais avec seulement 20% du Soleil occulté. La prochaine éclipse annulaire est prévue pour le 22 mars 2118. Nous aurons donc vieilli de 102 ans…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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