C’est une affaire particulièrement difficile qu’avait à juger la cour d’assises de Mayotte pendant deux jours. Fait exceptionnel, le procès impliquant une très jeune mineure ne s’est pas déroulé à huis clos. «La jeune victime a souhaité que l’on dise ce qui lui est arrivé pour que les prédateurs sexuels sachent ce qu’ils encourent», explique Me Mansour Kamardine.
L’homme devait répondre du viol d’une fillette âgée de 9 ans. Le 7 février 2014, il est au volant de sa voiture lorsqu’il aperçoit l’enfant dans la rue. Sa mère vient de l’envoyer faire une course. Il lui propose de monter dans son véhicule. Elle refuse dans un premier temps avant finalement d’accepter. La voiture démarre et l’homme roule jusqu’à Passamainty où il achète des bières. La petite fille réclame un Yop. Il lui achète.
De terribles blessures
L’homme roule ensuite vers le sud, jusqu’à Kahani. Là, dans un endroit où il ne sera pas dérangé, il viole la petite, sur la banquette arrière de la voiture, derrière les vitres teintées. Les blessures infligées à la fillette sont terribles. Alors qu’elle est ensanglantée, il lui donne 1,5 euro en échange de son silence.
Il abandonne finalement l’enfant dans le rues de Doujani où sa mère la retrouve alors qu’elle fait face à une hémorragie intense. La petite est hospitalisée et son état nécessite une intervention chirurgicale lourde, sous anesthésie générale, pour tenter de réparer les blessures infligées par son violeur.
«Un monstre»
Si l’homme a reconnu les faits, le tribunal a surtout tenté de cerner la personnalité de celui qui apparaît comme un «malade sexuel», selon les mots de Me Kamardine. Père de neuf enfants avec 7 femmes différentes, ce n’était pas la première fois qu’il imposait des relations sexuelles à de très jeunes mineures.
Car le tribunal se penchait également sur le cas d’une de ses femmes qui a eu un enfant de lui… à l’âge de 13 ans. Et même si les relations étaient semble-t-il consenties, même si les deux ont partagé une vie de couple, avoir des relations sexuelles avec une mineure reste un délit.
«Et si un homme s’en prenait à votre fille, que diriez-vous de lui?» lui demande Me Kamardine. «Que c’est un monstre», répond simplement l’homme qui venait, sans s’en rendre compte, de se qualifier lui-même.
Une peine «conforme à la gravité des faits»
Au terme d’une journée et demi d’instruction, le procureur a réclamé une peine de 18 ans d’emprisonnement. «C’est une réquisition lourde puisque la peine maximale est de 20 ans. Mais c’était la première fois de ma carrière que je voyais, dans une affaire de viol, une victime obligée de subir une intervention chirurgicale sous anesthésie générale pour réparer des blessures au niveau du sexe», explique le procureur Joël Garrigue. «Il s’agissait de réquisitions qui me semblaient conforme à la gravité des faits et la personnalité de leur auteur. On ne sait toujours pas pourquoi il a fait ça et s’il peut recommencer».
En effet, l’homme n’a montré aucun affect, ni pendant l’audience, ni lors de l’énoncé du verdict.
La Cour a suivi les réquisitions sur la peine. L’homme est donc condamné à 18 ans de prison. Il devra également s’astreindre à 2 ans de suivi socio-judiciaire.
RR
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