Un après, le camion médicalisé «Nouwam» de Rédéca était de retour sur la place de la République ce samedi matin. L’année dernière, l’association présentait son initiative: apporter les questions de santé au plus des femmes dans les villages. Avec ce camion, des binômes constitués d’une sage-femme et d’une médiatrice santé allaient proposer des informations de proximité sur les risques de cancer et les dépistages préventifs.
Avec cet équipement, Rédéca allait aussi réaliser des consultations de frottis, un acte médical qui permet de dépister le cancer du col de l’utérus. Douze mois plus tard, pour les équipes de l’association, c’est une vraie satisfaction.
«Avant la mise en place du dépistage précoce du cancer du col de l’utérus, de nombreux cas étaient diagnostiqués à des stades très avancés, occasionnant une prise en charge thérapeutique beaucoup plus lourde. L’adhésion très forte des femmes a permis d’éviter la survenue de nombreux cancers et surtout de repérer des anomalies du col de l’utérus à un stade où il est plus facile de les soigner», explique le docteur Abdou Madi, président de Rédéca Mayotte et chef du pôle de gynécologie-obstétrique au CHM.
Zaïnouni a été dépistée, soignée et guérie
«Nouwam», c’est la contraction de «Nyamoja Na Unono Wa Mtroumché», en français «Ensemble pour la santé de la Femme». Et de fait les équipes réparties sur quatre zones sillonnent le département en s’appuyant sur les associations locales et les services municipaux. Les membres de l’association se rendent également dans les villages quelques jours avant l’arrivée du camion pour faire passer le message.
«J’ai appris l’arrivée du camion dans le village par une médiatrice de santé. C’était mon deuxième frottis et il était normal. Le déplacement du camion dans le village nous montre que derrière il y a bien quelqu’un qui s’intéresse à nous», explique Mariama, 56 ans, qui habite à Sohoa.
De son côté, Zaïnouni, âgée de 62 ans, a connu l’existence du camion «par la sensibilisation de la commune qui organisait une marche à Kani-Kéli». Et pour elle, cet acte de dépistage s’est révélé essentiel. «J’ai fait mon frottis dans le camion et le résultat était positif. Redeca m’a contacté pour m’indiquer les étapes que je devais suivre. J’ai informé ma famille. Après avoir fait mes examens au CHM de Mamoudzou, ma famille m’a envoyé en métropole pour continuer mon suivi. J’ai été opéré et maintenant je suis rentrée à Mayotte».
13 pathologies détectées fin 2015
Au total, sur les quatre derniers mois de 2015, durant les 25 consultations organisées, 149 frottis ont été réalisés. Pour les deux tiers des femmes, il s’agissait de leur premier examen de ce type. Treize ont révélé des pathologies, et deux des lésions suspectes. «Ce premier bilan révèle que ce dispositif de proximité est une valeur ajoutée considérable pour le dépistage des femmes de plus de 40 ans. En effet, au global de Rédéca, elles ne représentent que 11% des femmes dépistées», explique l’association.
Le message que les femmes doivent être suivies, quel que soit leur âge et même après la ménopause, commence donc à passer. Ce dépistage s’adresse en effet à toutes les femmes âgées entre 25 et 65 ans, qu’elles soient affiliées ou non à la Caisse de Sécurité Sociale de Mayotte.
Les femmes reviennent
Aujourd’hui, les tournées Nouwam couvrent deux des quatre secteurs chaque semaine. Et de plus en plus de femmes reviennent se faire dépister, ayant bien compris l’importance de ce suivi régulier.
«Après un an d’activité, Nouwam semble complètement intégré dans le quotidien des femmes de Mayotte», se félicite l’association qui poursuit par ailleurs son activité de consultation de dépistage à Mamoudzou et dans les maternités périphériques.
Conséquence, pour maintenir autant que possible son offre, l’association s’apprête à recruter de nouvelles sages-femmes et une médiatrice en santé supplémentaire.
Depuis le début des campagnes menées par l’association en 2010, ce sont au total 17 cancers qui ont été diagnostiqués et traités.
RR
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