L’étude s’est installée dans le paysage. Chaque année depuis 4 ans, le cabinet Insidens réalise son «baromètre des déchets» en questionnant plus d’un millier de personnes sur leur ressentie sur la problématique de la propreté. Cette année, ce sont ainsi 1.167 personnes qui ont répondu aux enquêteurs dans les 17 communes de Mayotte. Et les résultats sont «sensiblement différents» que les années précédentes, note Insidens.
Tout d’abord, la note générale sur l’appréciation de la propreté du territoire est en hausse… Mais il est vrai que l’on pouvait difficilement descendre plus bas. En 2016, elle s’établit à 3,4/10 contre 2,5/10 l’an dernier. Nous sommes 7% de moins qu’en 2015 à qualifier l’ensemble du territoire de Mayotte de «sale».
Mais les bons sentiments trouvent rapidement leur limite. Ainsi, les Mahorais sont encore 73% à continuer de penser que l’espace public est insuffisamment entretenu. Seules 2% des personnes interrogées pensent que les rues et les plages sont «bien entretenues».
Problème: Alors que le sujet est au centre des préoccupations des pouvoirs publics, les Mahorais sont moins nombreux à avoir le sentiment que les choses changent. Ils étaient 66% l’an dernier à voir des changements contre 58% cette année.
Vers un phénomène de lassitude
Insidens a une explication: «Depuis quelques années, le sujet des déchets a été au cœur de l’actualité avec de nouvelles initiatives régulièrement mises en œuvre», comme le tri sélectif, la fermeture des décharges sauvages ou la mise en place de plusieurs éco-organismes… De quoi créer «des attentes fortes parmi la population qui ne voit pas les choses changer assez vite». Insidens parle même d’un «phénomène de lassitude» qui pourrait rendre la population «moins réceptive» aux efforts «indispensables» pour trier et réduire les déchets produits.
L’étude pointe également une information «largement insuffisante» de la population face aux déchets. Selon ce document, 66% des personnes interrogées déclarent ne pas savoir que les déchets sont triés et repris dans une filière.
Ainsi, le tri sélectif progresse mais de façon «insuffisante» avec seulement 1% d’augmentation (après une progression de 10 points entre 2014 et 2015). «Les habitants sont encore trop nombreux à jeter à la poubelle», des déchets qui peuvent être recyclés: Selon Insidens, 42% des personnes interrogées déclarent jeter leurs bouteilles plastiques, 45% le verre et plus de 54% les cannettes.
La présence des bornes Tri-O sur l’ensemble du territoire est pourtant très visible et le travail de nombreuses associations impliquées dans la diffusion des messages se poursuit. Mais il faut du temps pour changer les habitudes et transformer un geste de tri «occasionnel» en réflexe systématique.
La mode du compostage
Les personnes interrogées affirment manquer d’explications sur les emballages ménagers à 54%, sur les ordures ménagères à 60%, sur le encombrants à 87% et sur les déchets verts à 84%… Conséquence, un nouveau motif d’inquiétude apparaît avec le brulage de ces déchets verts qui devient une pratique courante, passant de 23% à 46% entre 2015 et 2016.
Malgré tout, le baromètre relève l’apparition de «nouvelles pratiques encourageantes». Ainsi, 23% des Mahorais pratiquent le compostage pour éliminer certains de leurs déchets et nous serions bien plus nombreux à être intéressés par la méthode. «Les habitants de Mayotte aiment se mobiliser et s’investir sur de nouvelles pratiques, une mode en chassant une autre», note Insidens… à condition de disposer des informations et du matériel pour se lancer.
Si le SIDEVAM 976, le syndicat intercommunal de collecte et de traitement des déchets, continue de se structurer et de s’équiper pour assurer ses missions, nul doute que le lancement l’an prochain des premières déchetteries va faire changer les choses. Le geste de tri deviendra probablement bien plus simple et l’information sur les lieux où déposer ses déchets bien plus facilement mémorisable.
RR
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