C’est un des projets salués par Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer la semaine dernière, et retenu dans l’appel à projets du gouvernement pour donner un coup d’accélérateur à l’économie sociale et solidaire à Mayotte : La création d’un marché agricole de gros, sur le modèle de ceux qui existent en métropole et dans les autres DOM.
«L’objectif, c’est de permettre à tous les Mahorais de trouver toute l’année, des fruits et des légumes. Les professionnels, par exemple, achètent actuellement leurs produits frais sur le bord de la route ou chez des petits producteurs, sans facture. Avec un marché de ce type, on poursuit la professionnalisation de la filière», se réjouit Elise Bouquet, coordinatrice à la Coopac, l’une des 3 structures engagées dans le projet.
Avec la Coopadem et l’entreprise de matériels agricoles Agrikagna, ils ont créé l’Ucoopam, l’union des coopératives agricoles de Mayotte. Ensemble, ils regroupent près de 1.000 agriculteurs et éleveurs répartis sur tout le département. Leurs organisations, coopératives et filiale d’approvisionnement, emploient 25 salariés, techniciens, ingénieurs, vétérinaires, commerciaux et personnels administratifs… De quoi peser dans la nécessaire structuration de l’agriculture mahoraise.
Un de leurs objectifs est donc de mettre en place ce marché de produits frais locaux, qui s’élèverait à Combani, la commune de Tsingoni étant partenaire du projet. «Nous sommes l’un des plus petits projets retenus par le ministère. Nous avons simplement demandé le financement des études et nous avons obtenu environ 31.000 euros», précise Elise Bouquet.
Sur le modèle national
Le principe du marché de gros est qu’il regroupe en un seul lieu les agriculteurs, les éleveurs, les transformateurs et les acteurs de la distribution de produits alimentaires frais. La France compte 17 marchés d’intérêt national (MIN), en métropole mais également dans les Outre-mer. Le plus connu est bien entendu celui de Paris, installé sur la commune de Rungis. Plus près de nous, on trouve celui de La Réunion positionné à Saint-Pierre.
Les MIN sont toujours portés, à la fois par les «professionnels de la mise en marché» et par des collectivités locales. Ces vastes marchés de gros assurent l’approvisionnement en produits frais, locaux et de qualité de dizaines de millions de consommateurs… Et il manque cruellement à Mayotte!
Un MIN d’ici à deux ans
Avec notre population galopante et la mise en place des cantines scolaires, la filière agricole doit absolument trouver une organisation pour fournir en productions locales des besoins toujours plus importants. De l’autre côté, des milliers de petits agriculteurs et d’éleveurs cherchent à mettre leurs produits sur le marché sans disposer d’outils performants pour y parvenir. La structure promet donc de rapprocher ces producteurs locaux des professionnels de l’alimentaire.
Et maintenant ? Grâce aux sommes annoncées, les études vont pouvoir démarrer (création de la structure support du marché, cahier des charges pour la construction d’une plateforme de commercialisation, outils de valorisation des produits locaux…). L’Ucoopam espère voir naître son MIN d’ici à deux ans. «Beaucoup va dépendre de la mairie de Tsingoni pour que nous trouvions le terrain qui convienne», indique Elise Bouquet. L’Ucoopam doit, elle aussi, se structurer. Elle est toute récente et ne compte encore aucun salarié. Nous sommes au début d’une belle aventure qui ne peut que servir les intérêts partagés des producteurs comme des consommateurs.
RR
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