Très loin de notre petite île tropicale, à 4.500 km au sud-est de nos côtes, se trouve la plus grande réserve naturelle de France. Difficile d’imaginer depuis notre terre luxuriante, des îles battues par le vent, soumises à des pluies très abondantes et certaines d’entre elles à des températures qui rappellent leur proximité avec l’Antarctique. Dans cet univers, parfois plus proche de la toundra russe ou de l’Islande que de Mayotte, vit une biodiversité particulièrement riche et largement préservée, que la France a érigée en réserve naturelle nationale.
Le décret est sorti il y a tout juste 10 ans, le 3 octobre 2006. Depuis, les îles Amsterdam et Saint-Paul et les archipels de Crozet et de Kerguelen forment un ensemble unique, avec 700.000 hectares de terres et plus d’un million et demi d’hectares d’aires marines protégés. Situées à plus de 2.000 kilomètres de tout continent, ces terres australes françaises sont parmi les îles les plus isolées au monde, ce qui explique l’aspect presque intact de leur patrimoine biologique.
A l’occasion de ses 10 ans, voici la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises en 10 chiffres clés.
•2006. C’était donc le 3 octobre de cette année-là que la réserve a vu officiellement le jour.
•3. Les districts austraux français classés en réserve naturelle sont au nombre de 3: l’archipel de Crozet, l’archipel de Kerguelen, et les îles Saint-Paul et Amsterdam rassemblée en une même entité.
•23.400. Plus vaste réserve naturelle de France, elle couvre actuellement une superficie de 23.400km² (dont environ 7.700 km² de domaine terrestre et 15.700 km² de domaine maritime) et représente près de 80% de la surface totale des réserves naturelles nationales.
•47. Pas moins de 47 espèces d’oiseaux se reproduisent régulièrement dans le périmètre de la réserve, parmi lesquelles cinq sont strictement endémiques à cet espace protégé: Le canard d’Eaton, le petit bec-en-fourreau, le cormoran de Kerguelen, le prion de Mac Gillivray, et l’albatros d’Amsterdam.
Espèce emblématique de la réserve, la population de l’albatros d’Amsterdam, endémique de l’île du même nom, est inférieure à 200 individus. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) considère cet oiseau «en danger critique d’extinction». Sa conservation représente donc un enjeu majeur.
•500.000. Les archipels de Crozet et de Kerguelen abritent les communautés d’oiseaux marins les plus riches et diversifiées au monde. Les colonies de manchots royaux notamment peuvent regrouper plus d’un million d’individus. La plus grande colonie sur Terre se trouve sur «l’île aux Cochons» à Crozet, où près de 500.000 couples y sont recensés.
•90. Pour conserver et protéger sur le long terme le patrimoine naturel exceptionnel de ces îles, 90 actions ont été inscrites au premier plan de gestion de la réserve (2011-2015).
•4. Grâce aux 4 rotations logistiques du Marion Dufresne, le navire ravitailleur des TAAF, des agents sont déployés sur le terrain pour mettre en œuvre les actions de conservation de la réserve.
•2.200. Le Phylica arborea est le seul arbre indigène présent dans la réserve naturelle des Terres australes françaises. Suite à l’arrivée de l’homme en 1696 et aux conséquences de ses activités (prélèvements, incendies et introduction de bovins), il avait quasiment disparu de l’île au XXe siècle. Depuis le début du plan de restauration de l’espèce conduit par la réserve, 2.200 arbres ont été replantés en milieu naturel.
•85. Avec plus de 85% des actions engagées, les TAAF considère que le bilan du premier plan de gestion de la réserve naturelle (2011-2015) comme «une réelle réussite pour la préservation de la biodiversité australe».
•650.000. L’extension en mer du périmètre de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises est rendue possible par la «loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages» adoptée en juillet 2016. Le projet développé par la France est d’étendre le périmètre de la réserve naturelle dans les eaux sous juridiction française sur une surface d’environ 650.000 km2.
Sachez enfin que «l’Institut Polaire Français Paul-Émile Victor» (Ipev) met en œuvre un grand nombre de programmes scientifiques. Ainsi, depuis plus de 50 ans, les connaissances acquises permettent à la France de jouer un rôle de premier plan dans la recherche subantarctique et de contribuer aux connaissances nécessaires sur l’impact des changements climatiques et des activités humaines sur ces écosystèmes.
RR
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