Cette journée consacrée à la prévention et la santé des jeunes à Mayotte était destinée aux professionnels des secteurs médico-social, social, éducatif, médical, scolaire et accueillait également des religieux et des élus. L’objectif était de faire se rencontrer ceux qui mènent des actions, pour qu’ils partagent sur la réalité de leurs pratiques et qu’ils améliorent leurs savoirs et leurs compétences sur ces questions. L’enjeu est majeur car il ne faut jamais oublier que la moitié de notre population a moins de 17 ans et demi.
Et ce qui est d’abord ressorti de cette journée, c’est précisément un manque évident de données et d’informations. Statut vaccinal, accès à la contraception, grossesses précoces, addictions… Autant de sujets essentiels qui nécessiterait un état des lieux précis et actualisé.
Un acteur à informer
Serge Fabresson, du centre régional d’information jeunesse, a pu expliquer la tendance actuelle des politiques publiques qui visent à faire des jeunes des acteurs de la santé (la notion de «corresponsabilité avec les jeunes»), pour eux-mêmes, leur famille, leur entourage… à un âge qui favorise la prise de risque.
Mais pour qu’ils deviennent partie prenante de leur santé, encore faut-il qu’ils soient correctement informés. Car il apparait que si les questions de santé ne sont pas une priorité pour eux, ils ont tout de même accès à une multitude d’informations grâce à internet, des données qui ne sont pas toujours adaptées.
Les informations sont donc souvent parcellaires voire erronées. Ainsi, sur la question de l’alimentation (le fameux «manger, bouger»), l’IREPS nous apprend que 21% des jeunes de 13 à 20 ans considèrent que l’alimentation n’a aucun impact sur leur santé… Alors que 27% sont d’un avis contraire, estimant qu’elle est vitale. Autant dire que les messages ont du mal à passer.
Des messages qui ne passent pas
L’alimentation, c’était d’ailleurs le thème d’un des quatre ateliers de cette journée. Si le collège de Majicavo a présenté un projet mené par une infirmière scolaire autour de la promotion du petit déjeuner, l’accès à une offre alimentaire de qualité reste souvent problématique. Quant au volet «bouger», les activités proposées à Mayotte sont encore largement insuffisantes.
Le 2e atelier portait sur la sexualité, la grossesse et la parentalité chez les jeunes et la difficulté de mettre en place des outils pour mieux informer sur ces questions. Alors que le sujet reste souvent tabou, les professionnels ont souligné l’importance d’échanger entre eux, par exemple pour savoir à quel âge et de quelle façon parler de contraception.
Il est également apparu que, pour les jeunes, les messages sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le VIH ne sont pas clairs…
Les craintes autour de la chimique
Les conduites addictives faisaient l’objet d’un 3e atelier. Les participants ont ainsi pu découvrir un film réalisé à la maison des adolescents de Tama. Intitulé «chimique», il met en scène un dealer qui fait tourner un joint dans un groupe de jeune. L’un d’eux décède dès la première taffe.
De fait, les risques sont réels et la chimique entraîne également une addiction beaucoup plus importante que le cannabis. Les témoignages ont été nombreux autour des conduites addictives et une information fait froid dans le dos : les plus jeunes consommateurs seraient âgés entre 9 et 10 ans.
Pour le docteur Ali Mohamed Youssouf, qui ne cesse de sensibiliser et d’alerter sur le sujet, la chimique pourrait passer avant l’alcool, le tabac et le cannabis dans les conduites addictives. Pour les professionnels, il semble donc urgent de financer des projets de luttes contre ces comportements.
Le lien entre la santé et la violence
Enfin le dernier atelier portait sur la violence. Hip Hop évolution, les Céméa ou encore la compagnie Ari’Art ont fait part de leurs actions pour canaliser et lutter contre les violences en utilisant différents moyens d’expressions. Les psychologues du CHM ont également présenté les accompagnements psychologiques au sein du centre pénitentiaire de Majicavo, sur les problématiques en lien avec les formes de violences.
Il faut savoir que les rivalités inter-villageoises compteraient pour un quart des causes de violence dans notre département. Les rivalités familiales pour 20%, l’alcool ou la drogue pour 7%. Les questions de santé, sans nul doute, se glissent dans bien des problématiques de notre île.
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