«Bien sûr qu’il faut oser!» Il n’est pas du genre à douter, Sidi Hamada Hamidou. Candidat déclaré à la primaire de la gauche pour l’élection présidentielle de 2017, il a dû se plier aux évolutions de la donne politique de ces derniers mois. Car depuis sa déclaration de candidature, les verts ont lancé leurs propres primaires, Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il était candidat, le PC se lance en campagne sans candidat et le PRG, son propre parti, a décidé début septembre d’attendre la fin de l’année pour trancher sur son éventuelle présence au 1er tour.
«Si le PRG présente un candidat, je me lancerai dans les primaires. Je le souhaite vivement. Si ce n’est pas le cas, je verrai avec la section locale comment faire pour peser dans cette élection».
Figure peu connue de la vie politique locale, Sidi Hamidou Hamada voit comme un atout le fait de n’avoir jamais exercé de mandat. Candidat aux élections municipales de Koungou en 2014, il avait recueilli un peu plus de 10% des voix. «Je fais partie de ceux qui peuvent apporter un renouvellement politique, tant au niveau local que national. Et je compte bien percer. Mayotte doit être portée très haut», dit-il.
Briser les complexes
Sa candidature n’est en effet pas simplement une ambition personnelle. Il donne un sens bien plus large. «J’ai l’intime conviction que les Mahorais doivent gagner en maturité politique. Quand vous voyez tout ce qui se passe ici dans la vie politique, on se dispute des postes d’élus… comme si on était dans une bassecour. Je pense qu’il est temps que les Mahorais prennent le temps de se poser et de voir loin. On est dans un grand pays, une grande nation. Les Mahorais doivent se hisser à ce niveau-là et ne pas continuer à se focaliser uniquement sur ce qui se passe localement.»
C’est donc le fameux complexe d’infériorité des Mahorais qu’il espère faire reculer avec sa démarche. «Regardez les élections européennes. On attend qu’un candidat de La Réunion vienne chercher un suppléant à Mayotte. Il faut que l’inverse soit vrai, que les Mahorais aillent à La Réunion, rencontrent la population et les élus, se fassent connaître pour gagner les suffrages des électeurs. Je m’inscris dans cette logique», explique-t-il.
Les mêmes problèmes qu’à Neuilly-sur-Seine
Il conçoit également sa candidature dans la course à la magistrature suprême, comme un bon moyen de faire parler de Mayotte et des nombreuses problématiques qui agitent notre société, notre économie ou notre environnement. Car il est un peu agacé de voir la métropole considérer ses Outre-mer comme des aspirateurs à argent public alors que ces territoires contribuent par leur géographie ou leur… fiscalité à la richesse de la France.
«Il faut que nos compatriotes de métropole sachent que certains de nos problèmes sont les mêmes qu’à Neuilly-sur-Seine ou dans les quartiers nord de Marseille. C’est le cas par exemple des impôts et d’une taxation excessive. En métropole, il faut que tout le monde sache qu’à Mayotte, nous apportons nous aussi notre contribution à l’Etat», insiste Sidi Hamidou Hamada.
Aller au bout, malgré «les soucis»
Membre du PRG, il est intarissable sur l’histoire de ce parti à Mayotte, et rappelle qu’il était celui de l’ancien député Jean-François Hory, «qui a œuvré pour le maintien dans la France» après la séparation d’avec les 3 autres îles.
Quant à sa candidature, c’est étonnamment à Bruxelles, durant le mouvement social de 2011, qu’elle s’est imposée à lui. Il est alors dépêché à Bruxelles pour rencontrer le Commissaire européen Michel Barnier «pour plaider la cause de Mayotte».
«J’ai pris conscience que la France favorisait toujours les grands groupes économiques. L’Allemagne ou l’Italie s’appuient sur les PME. La France, et particulièrement en Outre-mer, favorise les conglomérats et leurs filiales. J’ai compris que le mouvement contre la vie chère n’allait rien transformer et que pour changer la donne, il fallait influer au niveau national.»
Même si depuis l’annonce de sa candidature, il a «beaucoup de soucis», il compte aller au bout de «son projet». «Il faut de l’ambition pour porter les choses très haut. On a besoin de se lancer. Et si je ne réussis pas aujourd’hui, d’autres se lanceront plus tard et ils réussiront. C’est comme ça que les choses vont avancer».
RR
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