Les spécialistes du Gepomay nous emmènent, une fois encore , à la découverte d’une espèce animale de Mayotte, un oiseau que vous en connaissez peut-être pas encore… Il est tellement discret qu’il a même été longtemps considéré comme «probablement» disparu de notre île. Le «Râle de Cuvier» est donc l’espèce qu’a choisi de mettre en avant le Gepomay ce mois-ci.
Ce petit oiseau n’est pas encore très bien connu bien qu’il ait été décrit pour la première fois en 1845
par l’ornithologue français Jacques Pucheran. Selon les connaissances actuelles, le Râle de Cuvier (Dryolimnas cuvieri, de son nom latin) est uniquement présent sur quelques îles malgaches et à Mayotte.
Il a donc fallu attendre 2009 et 2010, pour que les observations de Bacar Ousseni Mdallah, le président du Gepomay, puis de Valérie Guiot (membre de l’association et actuellement salariée du Conservatoire botanique de Mascarin) confirment qu’il habite encore bel et bien Mayotte. L’association a alors mis en place un plan de de recherches précis et dès 2013, les observations du Râle de Cuvier se sont succédées, notamment au Lac Karihani et sur les zones humides les plus préservées du département, comme à Ambato (commune de Mtsangamouji) mais aussi à Chirongui, Tsingoni, Coconi, Chiconi et Dzoumogné/Bouyouni.
Un programme pour observer l’oiseau
Le Râle de Cuvier mesure une petite trentaine de centimètres de long et dispose de longues pattes. Assez svelte, il est de couleur brun châtaigne, avec une petite bavette blanche. Et si les spécialistes focalisent leur attention sur la présence de cet oiseau à Mayotte, c’est qu’il présente la particularité d’être le seul membre de son espèce à être capable de voler. Ses cousins, installés sur d’autres îles de la région, doivent en effet se contenter d’ailes atrophiées bloquées le long de leur corps.
Pour amasser rapidement des connaissances sur cet oiseau rare, le Gepomay bénéficie depuis le début de l’année 2015 d’un financement de la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) de Mayotte. L’association a pour mission d’établir un état des lieux de la reproduction de l’espèce sur l’île.
Le Gepomay a donc créé un protocole spécifique qui combine les observations visuelles et l’utilisation de matériel sonore selon la technique de la «repasse». Il s’agit de diffuser des chants particuliers (nuptiaux, de détresse ou d’autres sons comme ceux de potentiels prédateurs…) pour susciter une curiosité chez l’oiseau qui va alors se manifester d’une façon ou d’une autre. Il va pouvoir ainsi être observé y compris dans ces réactions et ses comportements.
Une quarantaine de «chanteurs»
A la fin de l’année dernière, c’était dans la baie de Chirongui que l’association avait observé une période de reproduction particulièrement active. Les membres du Gepomay avait par exemple espionné un mâle qui recherchait de la nourriture pour sa partenaire. Il avait ainsi apporté trois proies dans un massif de fougères en une demi-heure.
Depuis, de nombreux autres contacts ont été réalisés avec au moins quatre individus «chanteurs» à Chirongui et bien d’autres dans des secteurs différents. Au total, le Gepomay a pu recenser plus d’une quarantaine d’individus chanteurs… Autrement dit, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, l’espèce est bien installée et dans de nombreux endroits du département.
Pour autant, cela ne met pas le Râle de Cuvier à l’abris des actions de l’homme. Comme beaucoup de nos espèces animales, mais aussi végétales, il est menacé par la destruction des lieux où il vit. Lui, est particulièrement mis en danger par la mise en culture des zones humides avec la plantation de bananes et de songes.
Pour tenter de stopper le phénomène, le Gepomay précise qu’un plan d’actions en faveur des zones humides de Mayotte est d’ailleurs en cours de rédaction. Et ces zones concernent certes le Râle de Cuvier, mais bien d’autre espèces du patrimoine de notre île.
RR
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