Un plan qui prévoirait sur 3 ans les besoins et les engagements du département en matière de formation professionnelle, voilà qui réjouit les acteurs du secteur. Les organismes de formation (OF) en premier lieu, qui vont pouvoir planifier leurs services, eux qui se plainaient que les marchés ne soient pas encore attribués en ce mois de novembre. Ils pourront donc investir dans des moyens humains et matériels adaptés. Et les jeunes ensuite, qui « sont actuellement en perdition entre leur formation pré qualifiante et une qualifiante qui ne vient pas », selon la Mission locale.
L’information d’un plan pluriannuel sortait de la bouche d’Enfanne Haffidhou, Directeur général adjoint de la Formation et de l’attractivité territoriale au conseil départemental, qui rajoutait que l’année prochaine, le maximum serait fait pour que les marchés sortent en mars.
Propos tenus en présence de sa présidente, Mariame Saïd. Le plus dur reste à faire, puisqu’elle va devoir convaincre ses pairs de l’utilité d’un plan pluriannuel de formation « sur 3 ans », et donc de mettre en place un prévisionnel : « La démarche est engagée », assurait-elle, devant un parterre d’acteurs de la formation, invités au Centre Information Jeunesse (CRIJ) ce mercredi.
Des compétences régionale et nationale
La conseillère départementale venait y dresser le sombre constat d’un chômage massif et non qualifié à Mayotte : « 36% des mahorais en âge de travailler n’ont jamais été scolarisés. » Une situation grave, et quasi désespérée si on considère que 75% des mahorais de 15 ans et plus n’ont pas de diplôme, et donc aucune qualification.
Se pose un double problème, comme l’explique Mariame Saïd : « La formation professionnelle est une compétence régionale, or nous n’avons que les compensations d’un département, une injustice que le code du travail de droit commun devrait réparer au 1er janvier 2018. De plus, la formation initiale des habitants d’un territoire relève normalement de l’Etat. »
Le conseil départemental semble décidé à agir malgré tout, puisqu’il met en place le deuxième volet de formation, 2015-2016, en partenariat avec la Mission locale et le Pôle emploi, qui aura proposé 3.154 places en tout. Elle concerne les 12 secteurs déclarés en tension sur le territoire, « adaptés aux orientations économiques et aux besoins des entreprises », souligne Enfanne Haffidhou. Il s’agit du BTP, du tourisme, des transports et logistiques, etc.
« Qui fait quoi chez les OF ! »
Le CRIJ a été mandaté pour diffuser l’information auprès des jeunes, qui pourront se déplacer sur la zone la plus proche de leur domicile : la médiathèque de Passamainty le 7 novembre de 9-11h, la mairie de Bandrélé le 8 novembre de 9-11h, la mairie de Bandraboua le 9 novembre de 9-11h et le même jour à l’AJP de Pamandzi de 14-16h, et enfin à Chiconi le 10 novembre de 9-11h. « L’Etat nous accompagnera l’année prochaine à hauteur de la réussite de ces formations », soulignait Enfanne Haffidhou, qui se félicitait que le fonds européen IEJ dépasse les 100% de réalisation, « le conseil départemental sera entièrement remboursé. »
L’autre révolution dans ce domaine se passait dans la salle, puisque pour la première fois, les responsables d’organisation professionnelles formulaient leurs reproches devant les caméras des journalistes. Le vice-président de l’AOFM, Tafara Houssaini, ne s’en privait pas d’ailleurs en évoquant l’évolution des cahiers des charges qui pénalise les plus sérieux : « Vous accordez 60% d’importance à la technique et 40% au prix, alors qu’auparavant, on était dans du 70-30. Vous déstabilisez des acteurs qui se sont formés, et qui ont investi dans la technique. »
Le DGA en convenait, appuyé par Maurice Bémou, Coordinateur Emploi-formation au CD : « Nous ne devrions pas accorder le marché au moins disant, qui n’a pas toujours le plateau technique adéquat. Mais ne vous inquiétez pas, nous savons malgré tout qui fait quoi chez les OF ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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