Ils étaient cinq, cinq agents déterminés à vouloir défiler derrière la conseillère départementale Armamie Abdoul Wassion. Ils l’ont donc attendue place de la République, en vain : « Nous avions rendez-vous à 11h30, pour prendre la barge vers midi pour Petite Terre pour prier les anciens et aller sur la tombe de Zéna M’dere, et revenir ensuite au conseil départemental. Mais elle n’est pas là », constate-t-il déçus.
Et pour cause, la conseillère départementale, bouteuse de cabinet hors du Conseil départemental, était dans son bureau, prête à répondre aux questions des journalistes. « J’avais donné cette date du 14 comme ultimatum au président pour se débarrasser de son ‘cabinet de mercenaires’ », mais pas forcément pour manifester aujourd’hui. En effet, le courrier mentionnant le parcours qu’elle a envoyé au préfet mentionne bien une manifestation « à partir » du 14 novembre… « La manifestation, ce sera demain mardi », assure-t-elle.
« Qu’elle suive les procédures ! »
Difficile à suivre l’élue qui compte pourtant sur la population, « c’est sur la mobilisation de ceux qui m’ont élue que je me fonderai pour faire pression sur le président. Parce qu’il fait davantage confiance à son cabinet qu’à nous », nous explique-t-elle depuis son bureau. « Ils étaient 500 lorsque j’ai fait mon meeting », à Passamainty.
Le président qui s’était déjà exprimé pour renouveler sa confiance en son cabinet, déplore une démarche « anti-institutionnelle », et « cavalière » : « Nous avons voté deux règlements intérieurs, l’un concernant les élus, l’autres le personnel du conseil départemental. Qu’elle suive les procédures qu’elle a elle-même signées. Elle aurait du commencer à me solliciter. Où est son courrier ? »
Outre les quelques déterminés de la place de la République, beaucoup d’agents et quelques élus susurrent tout bas qu’Armamie a raison, qu’il faut changer la manière de travailler au conseil départemental : « La force de l’équipe actuelle, c’est d’avoir revu l’organisation. Mais dans les services, ça ne suit pas. » Mais la plupart ne cautionnent pas la méthode qui mêle médias, procureur et président.
Au cabinet du président, on voudrait que la page se tourne rapidement, « c’est de l’injure publique ! », soupire-t-on.
Le coup d’épée d’Armamie atterrira-t-il dans l’eau, ou aura-t-elle semé des graines de révolte qui pourraient un jour améliorer l’organisation de la maison ?
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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