C’est la 4ème année que Répéma, le Réseau Périnatal de Mayotte, organise une Journée à thème. L’édition 2016 porte sur la vaccination et sur les maladies touchant l’appareil urinaire (uropathie) et les reins (nephropatie) en périnatalité.
Créé en 2009, Répéma est une association financée par l’Agence de Santé de l’Océan Indien (ARS OI), qui assure deux grandes missions, comme nous l’explique Dominique Varlet-André, son directeur : « La première est de baliser le parcours de soin de la femme enceinte, jusqu’à la naissance. Notre camion itinérant se rend dans les villages et oriente les femmes enceintes en parlant d’IVG, il y en a eu 1.700 en 2015, dont 10 à 14% sur des jeunes de 15 à 18 ans, de protection sexuelle, etc. »
La seconde est de former et informer les professionnels de santé, et le public. Inutile de dire qu’en dehors de la conférence sur la vaccination au féminin, les données sont plutôt techniques, et qu’elles s’adressent à un auditoire averti. Et il était restreint le public, ce mardi matin, ce que le directeur de Répéma explique par le travail en tension constante des médecins à Mayotte, infirmiers et sages-femmes, qui ont du mal à se libérer, « nous allons examiner l’idée d’un colloque en soirée pour l’année prochaine, ou le week-end. »
La vache protectrice
Ce qui permettait aux médecins de visite à Mayotte d’entendre rappeler les contraintes du territoire : « Une explosion des naissances de 25% en 2 ans, avec en parallèle, une perte d’attractivité pour les médecins », rappelle le docteur Barbail de l’ARS.
Pourquoi ce thème de la vaccination ? « La France est le territoire européen le plus en questionnement vis à vis de la vaccination. Elle est remise en question par certains professionnels qui généralisent des effets secondaires issus de cas particuliers. Or, elle a été le rempart essentiel à la propagation de maladie grave. »
Le docteur Vauloup Fellous, Virologue à l’Université Paris XI, revenait sur l’origine de la vaccination : « Il y a plusieurs siècles, on note que les femmes en contact avec le virus de la vache, « la vaccine », sont moins touchées que les autres par la variole. » En 1796, un médecin de campagne vaccine ainsi pour la 1ère fois un jeune garçon contre cette maladie.
Débat sur les adjuvants
Une découverte qui aura porté ses fruits puisque depuis les années 80, les nouveau-nés ne sont plus vaccinés contre la variole, éradiquée des les pays développés.
En métropole, une pétition émise par un médecin de renom avait créé un flou autour de la nécessité de la vaccination. Il y dénonçait les effets secondaires d’un vaccin qui avait provoqué des décès de nourrissons, aussitôt contré par la ministre de la Santé Marisol Touraine, qui avait déclaré : « La vaccination, cela ne se discute pas. »
Un des thèmes du colloque revient sur les adjuvants. Ajoutés aux vaccins pour augmenter leur efficacité, ils sont soupçonnés, surtout pour l’aluminium, de provoquer, chez certains patients, une maladie neuromusculaire qui paralyse partiellement certains membres. Des études ont été menées récemment, en 2014, pour tenter de déterminer leur impact.
Dominique Varlet-André évoque a contrario le risque de résurgence de maladie grave à Mayotte. Et prend pour exemple le retour de la syphilis (non soumis à vaccination), mais aussi du choléra, du paludisme, de la polio : « Par exemple, Mayotte est le seul territoire à vacciner tous les nouveau-nés de l’Hépatite B ». Donc, 10.000 vaccins.
Le Colloque se poursuit sur 2 jours au Centre Universitaire de Dembéni, avec ce mercredi, des conférences sur les maladies liées aux reins et au système urinaires chez la femme, avec des focus sur les évacuations sanitaires et sur les dialyses sur place.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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