Avec la sécheresse, voici venu le temps des rationnements en eau. Huit communes du sud soit 40 villages ne disposeront de l’eau courante que 22 heures sur 48, autrement dit, quasiment un jour sur deux. Sont concernés l’ensemble des communes de Dembéni, Ouangani, Bandrélé, Chirongui, Bouéni, Kani-Kéli, Chiconi et Sada.
Les villages de Mramadoudou et Kahani sont exonérés de l’effort à cause de la présence des structures hospitalières.
C’est le préfet Frédéric Veau qui annonce ces mesures d’économie «difficiles». «On ne peut pas se permettre d’être au mois de janvier en situation de rupture totale», a-t-il expliqué à l’issue d’une réunion de crise avec les représentants de la SMAE, du SIEAM, de la DEAL, l’ARS et de Météo France.
Jean-Michel Renon, de la SMAE, a fourni à chaque représentant des communes concernées le planning de ces coupures tournantes. «Certaines communes auront de l’eau à partir de 10h jusqu’à 8h le lendemain matin, pendant ce temps-là d’autres communes n’auront pas l’eau. Celles-ci retrouveront l’eau le lendemain, à 10h jusqu’à 8 h le lendemain matin».
Pendant ces «tours d’eau», la SMAE mettra à disposition des points d’eau potable collectif, des rampes de robinets. Ce sont ainsi 33 rampes qui vont être installées «pour que la population puisse accéder à de l’eau délivrée potable». Les maires sont appelés à mobiliser les polices municipale pour organiser l’accès à ces rampes.
La retenue de Combani est vide
Pourquoi le sud de Grande Terre est-il le seul à être concerné par ces restrictions d’eau ? Parce qu’il est alimenté à 84% par la retenue collinaire de Combani qui n’a jamais été aussi vide, «et les averses que nous avons depuis quelques jours ne suffisent pas», constate le préfet.
Le niveau de remplissage ne correspond qu’à 20% de ses capacités. Si elle peut contenir 1,5 million de m3, actuellement, il n’y en aurait que 300.000m3. «Au rythme actuel, la retenue de Combani pourrait être vide mi-janvier», a indiqué le préfet. Les calculs établis donnent même la date du 2 janvier… «Mais c’est une approche statistique», précise le préfet.
Le nord de Grande Terre est, lui, desservi par la retenue de Dzoumogné qui est remplie à 33%, de quoi tenir jusqu’au mois de mars. Elle dispose encore de 650.000m3 d’eau (contre 2 millions à son maximum).
Problème : les niveaux sont trop bas pour envisager, comme l’an dernier, un transfert d’une réserve à l’autre. D’où les restrictions.
La saison des pluies ne démarre pas
La raison, c’est évidemment le retard de la saison des pluies. Il est tombé 50% des pluies habituelles ces derniers mois tandis que notre consommation d’eau augmente de 9,7% sur un an. La consommation d’eau potable à Mayotte est actuellement entre 30.000 et 35.000m3 par jour.
Et les prévisions de Météo France sont très pessimistes. «Il n’y a pas de signe clair d’établissement du talweg de mousson», indique Bertrand Laviec. «On est partis sur 3 ou 4 semaines beaucoup plus sèches que la normale. On peut espérer un début de saison des pluies mi-janvier dans le meilleur des cas, dans le pire des cas en février.»
Interdictions multiples
Les habitants du sud vont donc devoir apprendre à tenir quelques temps avec ces restrictions et avec une qualité de l’eau variable. Lorsque les équipes de la SMAE remettront l’alimentation après une coupure, il faudra jusqu’à 2 heures dans les points les plus reculés pour que l’eau revienne effectivement. Au retour de l’eau, «on ne peut pas garantir la potabilité de l’eau, ce qui amène à prendre des précautions, faire bouillir l’eau pendant 5 minutes pour avoir l’assurance quelle sera potable», prévient le préfet.
A ces mesures, il faut également ajouter depuis ce mercredi l’interdiction des brûlis à proximité des forêts. Et les mesures déjà en place depuis le 22 novembre d’interdiction de lavage de voiture et de la voierie, de l’arrosage et du remplissage des piscines sont toujours d’actualité.
A partir probablement de vendredi
Ces “tours d’eau” devraient donc se mettre en place à partir de ce vendredi, en fonction du temps nécessaire à la SMAE pour équiper les 33 rampes. «On démarrerait les tours dès le vendredi 16. C’est à confirmer mais c’est l’objectif. Nous sommes dans une course contre la montre. Nous avons besoin pour durer dans le temps, d’allonger les durées de vie des réserves», a précisé le préfet.
Les territoires concernés représentent 65.000 habitants et 13.000 des 40.000 clients de la Mahoraise des eaux. Les autorités attendent une économie d’eau de 15.000m3 par jour.
L’impact du dispositif sera évalué en permanence. Et nous sommes déjà tous prévenus: «Si l’impact de ces mesures n’est pas suffisant, il nous faudra aller plus loin», indique le préfet.
RR
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