En déficit depuis 2009, la commune de Pamandzi a décidé ces derniers mois de prendre le taureau par les cornes en remettant notamment en cause l’indexation des agents titulaires de la mairie, soit 96 personnes. La décision n’était pas du goût de l’intersyndicale CGTMa, UD-FO et UI-CFDT et logiquement, le préavis du 28 novembre a précédé la grève entamée le 13 décembre dernier. Il aura donc fallu deux semaines pour que les deux parties parviennent à un accord et signe une sortie de crise. Le travail a repris normalement ce mardi 27 décembre.
Si le rapport de la Cour des comptes proposait de suspendre purement et simplement l’indexation des titulaires, le maire de Pamandzi ne souhaitait pas aller aussi loin. «Nous ne pouvions décemment pas retirer du pouvoir d’achat à nos salariés», explique-t-il. Toutefois, il souhaitait geler la hausse de l’indexation de ses agents titulaires, déjà à 30% en 2016.
Pour sortir de la grève, un accord qui «coupe la poire en deux» a finalement été trouvé: les agents seront indexés de 35% en 2017 au lieu des 40% prévus. Si cette mesure est loin d’être suffisante pour redresser le déficit, qui s’élevait déjà à 3,5 millions d’euros à la fin de l’année 2015, elle est un premier pas vers la réduction des dépenses.
Réduire la masse salariale
«Pour réduire le déficit de la commune, j’ai proposé aux élus de réduire la masse salariale», affirme Mahafourou Saïdali. «Cette décision a été approuvée à l’unanimité». En effet, pour la commune de Pamandzi, la masse salariale s’élève à un peu plus de 5,5 millions d’euros par an pour un budget total de fonctionnement de 7 millions… De quoi laisser de trop faibles marges de manœuvre.
«Par rapport à l’année dernière, nous avons réussi en 2016 à diminuer la masse salariale de 500.000 euros», précise le maire. «L’objectif est de la diminuer de 500.000 euros supplémentaires en 2017, d’où ce ralentissement dans la mise en place de l’indexation».
Des mesures de rigueur
Face à une Chambre régionale des comptes qui ne cesse de rappeler la gestion de nombreuses communes à l’ordre, le maire de Pamandzi a décidé d’agir. «Même si cela doit me rendre impopulaire», insiste-il. Selon lui, faute de recettes suffisantes, la réduction des dépenses est la seule manière de pouvoir sauver la commune de la faillite. Ralentir l’indexation n’est donc qu’une partie d’un ensemble de mesures de rigueur destinées à réduire le déficit. Mahafourou Saidali prévient ainsi que certains départs à la retraite ne seront pas remplacés et que certains contrats en CDD ne seront pas renouvelés.
Une grande partie de la masse salariale de la commune de Pamandzi concerne les animateurs périscolaires engagés pour occuper les enfants pendant la pause méridienne. Générée par la mise en place des rythmes scolaires, celle-ci nécessite beaucoup de personnel pour s’occuper des enfants, créant une augmentation significative de la masse salariale. Pour pallier ce problème, la mairie de Pamandzi a décidé de travailler davantage avec les associations.
Une dizaine de conventions ont été signées pour remplacer les animateurs communaux par des salariés ou les bénévoles des différentes associations. «Outre la réflexion que nous menons avec les associations pour nous décharger, nous recherchons également des partenaires financiers. La CAF s’est déjà portée volontaire», précise le maire.
Une départementalisation mal préparée
Pour le moment, Mahafourou Saïdali est le seul maire de Mayotte à avoir adopté cette stratégie. «Lorsque j’ai évoqué cette solution à l’association des maires, elle n’a pas trouvé d’écho favorable», affirme-t-il. «Pourtant, je ne vois personnellement que cette solution pour tenter de réduire le déficit», affirme-t-il. Il précise toutefois que l’idéal serait d’augmenter les recettes des communes en élargissant l’assiette pour les impôts locaux. «Si les maisons étaient mieux répertoriées, nous percevrions davantage d’impôts», déclare-t-il. «En ce moment, la situation n’est favorable ni pour la commune, ni pour les contribuables», déplore-t-il. En effet, peu de gens payent l’impôt, mais ceux qui le payent doivent verser de grosses sommes pour compenser…
De même, la valeur locative pour Mayotte est calculée à partir des loyers fixés en 2012 à Mayotte tandis qu’en métropole, le calcul est fait à partir de ceux fixés dans les années 1970. «Ce calcul de la valeur locative pénalise fortement Mayotte», affirme Mahafourou Saïdali. Ce dernier donne raison à la Cour des comptes quand elle affirme que la départementalisation de Mayotte a été «mal préparée ». «Aujourd’hui, nous sommes obligés de faire face aux problèmes générés par cette précipitation», conclut-il.
Nora Godeau
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