C’est un vaste trafic de faux-papiers qui a été dévoilé au tribunal en fin de semaine dernière. Devant la chambre de l’instruction, un Grand-comorien de 37 ans placé en détention provisoire demandait sa remise en liberté. Mis en cause dans une affaire de fausses cartes d’identité, les débats permettaient de découvrir une enquête de grand ampleur avec des ramifications jusqu’en métropole.
Tout commence le 20 octobre dernier. Une habitante de Dzaoudzi se rend à la Police de l’air et aux frontières. Elle explique aux policiers avoir été «volée» d’une somme rondelette, 5.000 euros versés pour obtenir un service un peu particulier.
Elle explique avoir contacté une certaine personne, dont elle donne le nom, qui lui promettait des faux papiers pour son neveu, pour qu’il puisse se rendre en métropole. Mais les documents ne sont jamais arrivés.
Rapidement, les fonctionnaires interceptent le faussaire alors qu’il allait prendre l’avion pour les Comores. Placé en garde à vue, il confirme les déclarations de la plaignante et affirme faire partie d’un vaste réseau de faux papiers.
Des écoutes et des interpellations
Logiquement, une instruction est ouverte et plusieurs lignes téléphoniques sont mises sur écoute. Les enquêteurs se rendent vite compte que le point central du réseau n’est pas à Mayotte mais en métropole. Ces faux papiers sont en effet fabriqués en région parisienne.
Les écoutes permettent aussi d’identifier et de localiser plusieurs personnes dans notre département dont un Grand-comorien, résident à Dzaoudzi. Interpellé, l’enquête permettra de découvrir qu’il est à l’origine de la falsification d’au moins 7 cartes nationales d’identité. Il va reconnaître globalement les faits, expliquant qu’il a été attiré par l’argent facile.
En détention depuis peu, il demandait donc sa remise en liberté «pour s’occuper de sa femme et de ses deux filles».
Encore de nombreuses investigations
«L’immigration clandestine est le cancer de Mayotte. Cette île ne pourra pas évoluer tant qu’il y aura tous ces clandestins. Lui, il fait partie d’une organisation très structurée qui fournit des faux papiers à tous ces clandestins», souligne l’avocat général.
«Ce dossier démarre, et il y a de nombreuses investigations, à Mayotte comme en métropole pour découvrir l’ampleur de ce trafic», lance encore Bruno Charve en requérant son maintien en détention. «Mon client n’appartient à ce réseau que depuis le mois de mai de cette année», a tenté de faire valoir l’avocat de la défense. «Dans d’autres dossiers identiques, mes anciens clients n’ont jamais été incarcérés», soutient l’avocat mahorais en demandant un contrôle judiciaire strict.
La chambre de l’instruction n’a pas été sensible aux arguments. Les magistrats ont décidé de maintenir l’individu en détention provisoire. Les investigations se poursuivent.
RR
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avec le JIR.
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