«Compte tenu de mon engagement pour les travailleurs et pour les Mahorais, je m’attendais à un élan de solidarité. Mais je ne pensais pas que les choses iraient si vite». L’émotion de Salim Nahouda est sincère. Ce lundi matin, il s’apprête à signer un chèque à un huissier pour régler les frais d’avocats et les dommages et intérêts qui lui ont été infligés par la décision de justice du 8 décembre dernier. Ce jour-là, la chambre d’appel avait confirmé sa condamnation pour avoir diffamé l’ancien président du Conseil général Daniel Zaïdani, la chef d’entreprise Ida Nel et sa société MCG.
Avec ce chèque, c’est donc la totalité des 27.507 euros de sa condamnation qui est réglée. Salim Nahouda avait en effet déjà payé l’amende décidée par le tribunal.
«Enormément de personnes se sont associées à cet élan. Certains ont fait des chèques, d’autres ont apporté juste quelques pièces. Chacun a participé en fonction de ses moyens et toutes les catégories d’âges ont participé. Il y a même des enfants qui ont donné quelques centimes d’euros. Ca prouve que la solidarité est encore une valeur qui a du sens à Mayotte», relève Salim Nahouda.
La très forte solidarité mahoraise
Et le leader syndical de citer les milliers de personnes qui s’étaient associées à de précédents mouvements, en particulier après le décès de Kamiloudine Djanfar, le secrétaire général adjoint de la CGT Ma, en juin 2015. «Je veux vraiment insister sur cette solidarité mahoraise. «A chaque fois que les gens sentent que quelqu’un s’engage sincèrement pour eux, la solidarité est très forte».
Après la condamnation de Salim Nahouda, un comité de soutien s’était organisé autour des femmes leaders et avec à sa tête Ismaël et Cris Kordjee. Ce comité avait placé son initiative sous une double étoile: celle de la solidarité financière avec le leader de la CGT Ma mais aussi au nom du combat pour l’égalité et contre les injustices: «Nous voulons dire aux autorités que nous sommes conscients des injustices que subit le peuple mahorais, et que nous souhaiterions pouvoir le dire comme l’a fait Salim Nahouda», avaient-ils fait valoir.
Un vaste écho
Cette expression d’un ras-le-bol contre les injustices a donc rencontré un vaste écho auprès d’une population qui continue à avoir le sentiment qu’«une poignée d’individus a la mainmise totale sur les secteurs stratégiques de l’économie de l’île, avec la complicité des pouvoirs publics et des élites politiques cupides et assoiffées de pouvoir, faisant apparaître au grand jour des suspicions de trafic d’influence». C’étaient les termes employés lors d’une conférence de presse pour appeler tous ceux qui le souhaitaient à s’associer à cet élan de solidarité.
Au final, les sommes récoltées ont donc permis de régler l’ardoise et elles sont même plus importantes. Selon le secrétaire départemental de la CGT, elles dépassaient les 28.000 euros hier dimanche. Le reliquat pourrait être employé dans les semaines qui viennent par les femmes leaders «pour organiser une fête religieuse, un Maoulida Chengué pour la population», nous annonce Salim Nahouda.
RR
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