C’est le nouveau bras armé de la protection de la nature en France. Officiellement créée par décret en décembre dernier mais en gestation depuis plusieurs années, l’Agence française de la biodiversité fusionne plusieurs structures qui coexistaient précédemment: l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France.
Et la nouvelle entité commence à se structurer. Le 2 janvier, elle s’est dotée d’un directeur général, choisi par Ségolène Royal. Ex-dirigeant de l’UICN et membres de nombreux comités nationaux en lien avec la nature, Christophe Aubel, avait été choisi pour installer l’agence et va donc désormais la diriger.
L’AFB tient son patron mais aussi ses différentes adresses. L’an dernier, trois villes différentes ont été retenues pour accueillir les trois directions des plus de 1.200 agents : Montpellier, Brest et Vincennes. Dans la foulée, des directions interrégionales ont été établies dans les grandes métropoles de l’Hexagone et six antennes maritimes ont été implantées dont la moitié Outre-mer. En Nouvelle Calédonie, en Polynésie et aux Antilles. Pas le moindre bureau d’envergure, ni pour Mayotte, ni pour la Réunion.
La Guyane, le Pacifique, les Antilles…
C’est ensuite la liste des membres du conseil scientifique qui a été dévoilée à son tour. Compte tenu du poids de l’Outre-mer dans la biodiversité française (80 % de la richesse nationale), l’État s’était engagé à donner de la visibilité aux chercheurs ultramarins.
Généreusement ou pas, les avis divergent, ce sont donc 5 sièges sur 22 qui ont été réservés. Le premier revient à Fabien Blanchard de l’Ifremer Guyane. Le deuxième est confié à Jérôme Orivel, spécialiste de l’écologie des forêts de Guyane. Le troisième est attribué à Jérôme Chave, directeur de recherche en biodiversité amazonienne… encore la Guyane. Le quatrième va à Serge Planes, directeur de l’institut des récifs coralliens du Pacifique. Le cinquième enfin est donné à Dominique Monti, biologiste marine à l’Université des Antilles.
Les spots de biodiversité
Aucun scientifique de notre région n’est donc nommé, ni aucun organisme de recherche implanté dans les deux départements de l’Océan Indien. L’IRD, l’Ifremer, l’Université de La Réunion ? Absents. Exit aussi toutes les unités mixtes de recherche de La Réunion ou les institutions actives à Mayotte.
La Guyane est certes un hot spot mondial de biodiversité mais les deux îles françaises de l’océan Indien le sont également… sans parler des îles éparses.
Il reste désormais à savoir nous seront au moins présents à la table du conseil d’administration. Un amendement à l’Assemblée nationale a, là encore, garanti une représentation ultramarine. Mais difficile de savoir pour l’instant si les fauteuils seront confisqués par Cayenne, Fort de France et Pointe-à-Pitre.
Le 2e opérateur écologique de l’Etat
À La Réunion, deux membres potentiels ont été identifiés. D’un côté, Sonia Ribes. La directrice du Muséum d’Histoire naturelle de La Réunion et du Musée du sel à Saint-Leu pourrait prétendre à un siège parmi les personnalités qualifiées, faute d’avoir été choisie au conseil scientifique. De l’autre, Daniel Gonthier serait légitime en tant que président du Parc National de la Réunion. Chez nous, les Parcs marins de Mayotte ou des Glorieuses pourraient également y prétendre.
On devrait en savoir plus d’ici jeudi prochain, date à laquelle se réunira pour la toute première fois ce conseil d’administration de l’AFB.
Parmi les missions de l’AFB, on trouve la police de l’environnement, la gestion des parcs marins, le soutien technique aux politiques publiques, les formations dans les collectivités et les entreprises, la lutte contre les espèces invasives, l’inventaires de la biodiversité… etc. L’AFB est désormais le 2e opérateur écologique de l’État aux côtés de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
RR, le JDM
avec le JIR.
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