«Nous arrivons à la mi-janvier et cela fait maintenant plus de trois mois que le bassin du Sud-Ouest de l’océan Indien n’a pas connu la moindre activité cyclonique». Météo France fait, comme nous tous, le constat d’une situation climatique «évidemment très inhabituelle». Mais les prévisionnistes ont voulu aller plus loin et ils ont dépoussiéré leurs archives pour chercher des précédents. Ainsi, ils sont remontés à la fin des années 1990, une période marquée par deux saisons des pluies (1997-1998 et 1998-1999) aux démarrages très tardifs. Elles avaient, elles aussi, débuté après la mi-janvier.
Les raisons de cette première partie de saison aussi inactive sont à trouver dans une «puissante anomalie, observée à grande échelle, au niveau de la circulation atmosphérique». Elle concerne toute la zone océan Indien et perdure depuis le début du printemps austral.
La partie ouest de l’océan Indien est sous le coup d’une «forte subsidence» et donc un assèchement, quand l’est de l’océan et l’Asie connaissent une «forte ascendance». Conséquence, les pressions sont bien trop élevées dans notre zone, comme en témoigne les relevés effectués à La Réunion : la pression moyenne mensuelle du mois de décembre a été la plus élevée enregistrée depuis 20 ans, surpassant légèrement la valeur relevée en décembre 1998.
Sécheresse ici, inondations en Thaïlande
Cette situation se traduit par un déficit marqué d’activité nuageuse, et donc pluvieuse, dans notre région, l’inverse de ce qui se passe du côté du sud-est asiatique qui a connu des épisodes de pluies diluviennes, comme la semaine dernière dans le Sud de la Thaïlande. Là-bas, des précipitations ont excédé localement les 600mm, provoquant des inondations meurtrières.
Les conséquences de l’environnement sec qui prévaut sur la zone, sont donc la crise de l’eau que nous connaissons à Mayotte et un temps exceptionnellement beau, sec et ensoleillé pour cette période de l’année à La Réunion.
Une autre conséquence est l’absence totale de formation de système dépressionnaire tropical, ce que les prévisionnistes appellent la «cyclogenèse». «Ce retard à l’allumage de la saison cyclonique, n’est à ce stade pas encore totalement exceptionnel. Mais il le deviendrait si le statu quo actuel perdurait jusqu’à la fin du mois. Ce qui est une option loin d’être exclue au vu des éléments de prévision actuellement disponibles», note Météo France.
Dans l’attente de pluies providentielles
Car la deuxième question qui vient fatalement maintenant est: «jusqu’à quand cela peut-il durer?»
«Dans l’immédiat, le contexte n’est pas prévu évoluer fondamentalement. Et les prévisions actuelles prévoient même la persistance de la zone d’anomalie sèche du centre-ouest de l’océan Indien Sud tropical pour les premiers mois de 2017, mais en atténuation lente», explique Météo France.
A bien des égards, la saison cyclonique actuelle présente donc des similarités avec la saison cyclonique 1998-1999. Cette saison-là avait également été marqué par un déséquilibre flagrant entre les deux extrémités océaniques: notre région n’avait produit aucun système dépressionnaire, et elle était également «étrangement exempte d’activité nuageuse».
Il avait fallu attendre la tempête tropicale Chikita, début février, et surtout du cyclone Davina (en mars) sur Maurice et La Réunion pour que des pluies providentielles arrosent enfin les Mascareignes. La sécheresse était alors la pire enregistrée depuis 1904.
La suite de notre saison atypique est donc à suivre avec attention.
RR
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