Mayotte et ses environ 3.000 mineurs isolés peaufine son Schéma de l’enfance et de la famille 2017-2021. Son dernier Comité de pilotage réunissait ce mercredi après-midi en présence des principaux acteurs du secteur social.
C’est la dernière étape avant la validation par l’assemblée départementale mi-février, lors d’une séance plénière. Les élus devront également habiliter le président du conseil départemental à signer la convention avec l’Etat arrêtant les modalités du versement de la compensation de 41,8 millions d’euros pour la période 2009-2015 annoncée par la ministre Ericka Bareigts, et des 9,6 millions d’euros annuel. 51,4 M€ seront débloqués dès la signature, l’Etat s’y engage.
Une compensation qui correspond au constat réitéré par Philippe Peytour, DGA chargé du pôle Enfance, famille et prévention, et lié à la pression migratoire, dont la lutte est compétence de l’Etat : « De 7.000 naissances en 2014, nous sommes passés à plus de 9.000 en 2016. Quel service peut faire face à un accroissement de charges de 30% ? » Ce qui amenait Issa Issa Abdou, le vice-président chargé de l’action sociale à rappeler que le premier des objectifs était d’endiguer l’immigration clandestine.
Objectif de 50% des dépenses sociales
La convention n’est pas encore figée, mais il semble que l’on s’oriente non pas vers un Groupement d’intérêt public, qui n’auraient pas permis au département de garder la main sur des fonds qui ne sont finalement qu’un remboursement des actions qu’il a mis en place jusqu’à présent, mais vers le vote d’un budget annexe au budget général du département.
« Certains auraient voulu qu’on en utilise une partie pour combler notre déficit, mais nous avons tenu bon », confie Issa Abdou qui espère ainsi arriver aux 50% de dépenses sociales dans le budget total à la fin de la mandature de l’actuel exécutif. « En divisant les 41,8 millions en 5, nous allons pouvoir doubler les 9 millions d’euros que nous allouons à la protection de l’enfance sur 4 à 5 ans, grâce à ce concours de l’Etat. »
Quant au fléchage, la représentante de la Protection judiciaire de la Jeunesse se disait satisfaite, « malgré nos craintes. » Elle appelait néanmoins à utiliser toutes les structures existantes pour un maximum d’efficacité, et d’agir en amont de leur intervention.
Nouvelles mesures de placement
Selon nos informations, environ 6 millions d’euros seraient affectés à la rémunération des travailleurs sociaux, ainsi qu’au recrutement d’assistants familiaux qui permettraient d’éviter les placements en surnombre par rapport aux agréments délivrés, d’assistants éducatifs, et d’un psychologue.
Plus de 8 millions d’euros sont consacrés aux frais d’hébergement, aux subventions d’associations intervenant dans l’aide sociale à l’enfance, notamment celles financées jusqu’ici par l’Etat, à la rémunération des Tiers Digne De Confiance, qui font leur apparition, ainsi qu’à l’externalisation des placements.
Des mesures nouvelles qui apparaissent donc, et qui rapproche le département du droit commun.
La représentante d’une Unité territoriale d’action sociale rappelait l’accompagnement indispensable à la parentalité, « en particulier lorsque les enfants sortent des familles d’accueil ou en milieu carcéral. » Un rôle dévolu habituellement aux PMI (Protection Maternelle Infantile), « qui n’en font pas assez », reconnaît Philippe Peytour qui fut leur directeur, « mais nous sommes accaparés par la vaccination sur une île qui ne comprend que 18 généralistes. »
L’ensemble des réflexions recueillies ce mercredi permettra d’abonder le Schéma de l’Enfance adopté mi-février.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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