Le Plan de mandature 2015-2021 a été adopté, et déjà en partie réalisé, puisque les services ont été réorganisés, avec plus ou moins de bonheur, toutes les préconisations de l’Inspection Générale des Affaires Sociales n’ayant pas été suivies à la lettre.
L’audit de l’IGAS justement, est à porter au crédit de l’actuel exécutif, et son rapport, couplé à celui de la Cour des Comptes, a permis de pointer des responsabilités partagées, « et d’inviter l’Etat et le conseil départemental à définir les actions prioritaires à conduire », rappelait le président. Les plus spectaculaires furent les 10 engagements de redressement pris par Manuel Valls et la compensation de 42 millions d’euros allouée à la protection de l’enfance.
L’adoption du plan pluriannuel d’investissements sur la période 2015-2021, la motion de toilettage institutionnelle sur le statut de Mayotte, qui va donner lieu à un colloque à la fin du mois, le plan de formations des agents, la création de l’Agence de développement et d’Innovation de Mayotte, du GIP de la Maison départemental des personnes handicapées, ou l’inscription du lagon de Mayotte (reste à s’en faire expliquer les contraintes), sont les mesures mises en œuvre en 2016.
Ce fut avant tout l’année du retour à l’équilibre financier, mais s’il faut saluer la réduction des dépenses de fonctionnement, il est aussi lié à des recettes exceptionnelles, comme ce fut le cas lors de la mandature Zaïdani.
3ème pôle de d’activité
En 2017, Soibahadine Ibrahim Ramadani prévoit d’impulser « une nouvelle dynamique », tel qu’il l’a annoncé devant de très nombreux officiels : « 40 ans après le schéma de développement lancé par le premier préfet de Mayotte, Jean Coussirou, nous allons passer de deux pôles d’activité, centrés sur Petite terre avec l’aéroport et sur Mamoudzou-Longoni, à 3, avec un pôle de développement situé dans le Centre-ouest. » Histoire de « désengorger l’axe Mamoudzou-Koungou ».
La route départementale reliant les 3 carrefours de Dzoumogné, Chiconi et Chirongui, sera aménagée d’aires de repos et d’ouvrage d’art, et sera complétée par deux bretelles. Les études du réseau de transport interurbain prévoient également des dessertes terrestre et maritime.
Une ambition qui comprend des grands, très grands projets, qu’il énoncera plus tard, et que la tête exécutive du département compte financer par la maitrise supplémentaire des dépenses, « en vérifiant la pertinence de chaque euro dépensé », mais surtout « la négociation avec l’Etat d’une convention spécifique de rattrapage économique, de mise à niveau juridique institutionnelle, foncière et des finances publiques allouées au territoire. Elle viendrait compléter les programmes opérationnels européens et le contrat de projet, dont la date de revoyure arrive cette année.
Assises du sport
Les vœux en direction des agents seront d’œuvrer « à l’amélioration des conditions de travail », de normaliser la gestion des carrières ou de résorber l’emploi précaire prévu par le dispositif Sauvadet 2.
Côté social, si le Schéma de l’enfance et des familles et la convention sur la protection de l’enfance ont pris le devant de la scène, le président n’oublie pas la rénovation des PMI « grâce aux fonds européens ».
La culture est encore la grande oubliée des politiques départementales. Par pour longtemps, semble vouloir signifier Soibahadine Ramadani qui annonce le 1er Salon du Livre en septembre 2017, le 1er Festival de Mayotte en décembre, la mise en place de l’Office culturel départemental. Qui aura son pendant dans le secteur sportif, « avec les Assises du sport pour mobiliser les acteurs en vue des Jeux de Iles ».
Les 7.000 visiteurs du Musée de Mayotte, le MuMa, incitent à « mettre en place un Centre de documentation », avec un objectif, « celui de décrocher le label ‘Musée de France’ en 2018. » Des infrastructures territoriales vont voir le jour, comme le bâtiment des Archives départementales dans le Centre, ou des gymnases couverts dans le nord et dans le sud.
Coopération avec les pays de la zone
La coopération régionale sera réorientée vers les pays de la zone, « les Comores, Madagascar et les pays d’Afrique de l’Est », et le département souhaite intégrer « comme membre à part entière » la délégation française de la Commission de l’Océan Indien.
Enfin, le président terminera par les grands projets d’envergure territoriale, qui financement oblige, sont à envisager dans une perspective plus lointaine que l’année à venir : la piste longue de l’aéroport de Pamandzi « conformément aux conclusions du débat public de 2011 », le chantier du haut et du très haut débit, le pont entre Petite et Grande Terre, le contournement de Mamoudzou par le haut… Soit rien que pour cette dernière, 300 millions d’euros, donc plus du double du seul FEDER actuel.
« Nous posons nos priorités en visant la prochaine enveloppe européenne », nous glisse un conseiller départemental, « nous devons auparavant accélérer le rythme de notre consommation et nous préparer à assumer l’autorité de gestion. »
Des projets qui seront donc de nouveau au catalogue des vœux 2018, mais il faut souligner chez ce président la volonté d’un partenariat avec l’Etat (a-t-on le choix ?) et une détermination qu’on espère constater au quotidien dès cette année.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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