Ce lundi après-midi, il devrait pleuvoir. C’est presqu’une info révolutionnaire, nous sommes pourtant en pleine saison des pluies. Mais il manque toujours entre 50 et 75% des pluies habituelles à cette période de l’année.
On connaît les causes. Le dipôle de l’océan Indien, tout d’abord, « c’est à dire la différence de températures de l’eau de mer en surface entre la zone australienne, plus chaude, et celle du Canal de Mozambique, qui reste inférieures de quelques degrés », explique Bertrand Laviec, Directeur de l’antenne locale de Météo France, encore plus sollicité par les médias qu’en cas d’alerte cyclonique.
Des eaux moins chaudes chez nous, alors que tout les habitants suent à grosses gouttes ?! « Il fait beaucoup moins chaud qu’en janvier 2016, qui était, il faut le dire une année exceptionnelle. Et si nous sommes au dessus des ‘normales’, c’est à dire de ces 30 dernières années, nous sommes parmi les plus fraîches de la décade. »
Absence de mousson sur l’Afrique
Ses prévisions à 7 jours lui indiquent que, avant une semaine plutôt sèche, quelques pluies « significatives » pourraient s’abattre sur Grande Terre ce lundi après-midi, mais pas de quoi réjouir le Comité Ressource en eau qui planche chaque mercredi sur la sècheresse, « il faut au moins 60mm de pluies dans une journée pour que les retenues de rechargent de manière significative », poursuit le météorologue. A titre de comparaison, lors de l’effondrement de terrain qui a causé le décès du petit garçon il y a deux semaines à Koungou, il était tombé 40mm en 3 jours…
L’inquiétude vient lorsqu’on découvre les prévisions mensuelles : « Sur les 4 semaines à venir, c’est à dire jusqu’au 19 février, les pluies restent en deçà de la moyenne. Si on commence à apercevoir la Zone de Convergence Intertropicale, les flux habituels de mousson en Afrique sont inexistants. »
Situation comparable il y a 20 ans
La pluviométrie est de 37% de la moyenne habituelle à Pamandzi, de 48% à Mtsamboro, et de 44% à Mzouazia.
Il y a 20 ans, l’île avait pâti d’un décalage de la saison des pluies, « mais une grosse dépression avait apporté son lot de nuages. » Le taux de remplissage de la retenue collinaire de Combani était en fin de semaine dernière de 15,35%, et de 22,5% pour celle de Dzoumogné qui commence à atteindre des seuils critiques, faisant craindre les mêmes restrictions que dans l’autre moitié de l’île.
Aucun événement météo extrême n’est annoncé pour cette saison des pluies qui se fait attendre, ce que Bertrand Laviec avait évoqué il y a 6 mois, grâce notamment, à un maillage de la zone plus précis. Avec donc une fiabilité de la plupart des prévisions récentes, au dessus des « normales » de Météo France dans la région…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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