Celle qui fait parler d’elle, épaulée par son collectif de Sada, c’est Anchya Bamana, la maire LR, qui doit rencontrer le préfet Frédéric Veau ce vendredi : « Je me sens seule, les élus dorment, et en dehors du président de l’AMM, nous, maires du sud, nous ne sommes pas conviés aux réunions sur la pénurie d’eau en préfecture ! Le vice-rectorat distribue de l’eau en bouteille aux collèges et lycées, mais nos écoles élémentaires sont oubliées. Ces dépenses ne sont pas prévues dans nos budgets communaux. Je vais donc transmettre une facture de 9.000 euros au préfet, pour l’achat de 5 citernes pour ravitailler mon village. Car l’Etat est garant de l’éducation. »
Nous avons interpellé sur ce sujet le président de l’Association des Maires de Mayotte (AMM), Saïd Omar Oili : « Nous avons délégué la gestion de l’eau à un Syndicat intercommunal* qui doit prendre des décisions. Il n’y a pas eu suffisamment d’anticipations sur ce sujet, c’est certainement ce que le préfet va répondre si on l’interpelle. Même s’il s’agit aussi une question de santé publique. » Au moment où nous l’avons rencontré, il apprenait qu’une coupure d’eau affectait un quartier de sa commune en Petite Terre, non impactée par les tours d’eau… en raison d’une casse sur le réseau.
Le Sieam sollicité par les maires après la crise
Il évoque déjà des pistes pour éviter ce fossé entre les maires et leur Sieam à l’avenir, « les représentants choisis par les maires pour siéger dans les syndicaux intercommunaux le sont souvent comme remerciement à la suite des élections. Il serait préférable que les maires eux-mêmes y soient. »
Roukia Lahadji, la maire de Chirongui, a choisi l’action avant tout, “je ne vais pas attendre que les responsabilité soient pointées pour m’occuper des habitants de ma commune!”. Toutes ses écoles sont ouvertes, mais fonctionnent à minima : « J’ai acheté des grandes bouteilles, plus économiques que les petites, que gèrent des animateurs. Ils allouent à chaque enfant un verre en plastique à leur nom, qu’ils conservent avec eux. L’école est ouverte deux heures le matin, et deux l’après-midi, pour les écoles sans rotation, et seulement deux heures pour les écoles en rotation. »
Elle a déjà acheté 8 citernes sur les deniers communaux, mais a sollicité parallèlement, et par le biais du président Omar Oili, le préfet pour un accompagnement, « je m’adresserai dans un deuxième temps au Sieam* pour les frais engagés dans la desserte d’eau potable. »
Certains villages ont plus de chance comme Mroinabeja, dans la commune de Kani Keli, qui a pu réactiver des captages déjà en place.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Syndicat Intercommunal de l’Eau et de l’Assainissement de Mayotte
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