La dernière année de gros changements pour la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte (CSSM), c’était en 2004, et l’arrivée à Mayotte de l’assurance maladie qui l’avait connectée à la Caisse nationale en métropole, elle qui vivait jusque là en autonomie.
Et 2017 sera marquée par plusieurs évolutions, presque toutes liées à la réception à la fin de l’année ou en début de la suivante, du nouveau siège social, 6.400m2 dans la Zone Nel de Kawéni, un investissement de 23 millions d’euros, auquel il faut rajouter 3,2 millions d’euros pour la construction d’un Centre social intergénérationnel agréé, et une crèche.
A la suite de deux appels à candidatures infructueux, Ymane Alihamidi-Chanfi assure l’interim de la direction de la CSSM depuis le départ de Jean Véron. Première mahoraise diplômée de l’Ecole nationale supérieure de la Sécurité Sociale, elle compte mobiliser des fonds nationaux, appuyée par son président du Conseil de la Caisse Salim Nahouda, pour mettre en place un accueil collectif des mineurs et poser la CSSM comme animateur de la vie sociale : « Nous pouvons déjà investir 8 millions d’euros de fonds propres. »
Des attestations sur la toile
Depuis 2014 et le franchissement d’un pas vers l’accueil téléphonique par le biais d’une plateforme, « avec l’objectif, non atteint, de 85% de taux de décrochage », la CSSM tente d’éviter le déplacement de ses usagers : « 60% de l’accueil physique concerne une demande d’attestation d’assurance sociale. Nous proposons de dématérialiser par le site amelie.fr évidemment, mais aussi par notre propre site, qui reprendra les liens vers les portails nationaux, qui ne sont pas tous opérationnels à Mayotte. »
Des antennes ont été ouvertes, en Petite Terre, à Hamjago, et à Sada, « et en 2017, nous visons le sud. Il faut développer un accueil de proximité pour nos 4.400 personnes âgées affiliées. »
Des bornes de télé-services en ligne seront mises à disposition au nouveau siège, « l’objectif est d’éviter les envois de courriers, nous avons un nombre conséquent de retour NPAI*, source de blocage de nos fichiers. » Elle reconnaît beaucoup d’erreurs aussi dans ses services, « nous avons un levier d’amélioration important pour lequel le personnel est actuellement accompagné. »
Plus de la moitié ne sont pas éligibles
La Caisse de Mayotte sollicite beaucoup la solidarité nationale, « comme tous les Outre-mer, et en métropole, pas une seule caisse primaire n’est équilibrée », puisqu’elle collecte 104 millions d’euros des 13.000 à 14.000 cotisants, et qu’elle verse 350 millions euros de prestations, soit plus de trois fois plus. Pour Assani Saindou, autre directeur adjoint, en tant que personnalité historique de la Caisse de Mayotte, « cotiser n’est pas encore entré dans les habitudes ici. » Un Colloque organisé cette année, devrait communiquer sur ce point.
Il y a plusieurs profils de bénéficiaires à Mayotte, puisque sur 174.000, ils ne sont que 77.000 à être éligibles à la Carte Vitale, c’est à dire à avoir un numéro de sécurité sociale certifié, pour être nanti d’un état civil et d’une adresse fiables.
Elle a été annoncée comme une avancée progressivement mise en place : la CMU-C, cette prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé, y compris à l’hôpital, laisse Ymane Alihamidi-Chanfi réservée quand à la rapidité de son application : « La non prise en charge du ticket modérateur est un frein à l’accès aux soins, notamment en libéral. Il faut espérer qu’au delà de la décision politique et de la traduction législative en cours, un réel travail soit fait, notamment sur le montant du plafond pour les ayants droits. » La loi propose également un rattrapage de certaines prestations familiale avant 2025.
Le déplacement vers Kawéni ne va pas se faire sans incidence sur la circulation, « il faut éviter de rajouter 300 véhicules de l’ensemble de nos agents », et la directrice prêche en faveur de la mise en place de ‘vaporetto’ comme en Italie, au départ de Mamoudzou, avec escale à Kawéni…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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