« Seules 3 campagnes ont été menées par l’Institut de Recherche pour le Développement, l’IRD, dans l’océan Indien, autour du nord et du sud de Madagascar et aux abords de la côte est africaine, et une unique expédition sur les fonds de Mayotte et des Glorieuses en 1977 », rapporte Sarah Samadi, Professeur au MNHN, devant une trentaine d’enseignants présents au collège de Majicavo.
Les organismes de recherche de la campagne BioMaGlo, pour « Biodiveristé Mayotte Glorieuses », sont nombreux, et l’on s’y perd un peu : le MNHM est partenaire de l’IFREMER et de l’IRD, pour ce programme piloté par les Terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF) et l’Agence de Développement (AFD), le tout financé par l’Union Européenne.
Les mollusques et éponges seront bien gardés
Beaucoup de monde pour une mission non détachée des préoccupations françaises de la protection de notre Zone Economique Exclusive (ZEE). A l’heure où le périmètre est discuté des côtés comoriens et malgaches, il est bon d’évaluer sa ressource, et de commencer à compter ses coquillages : « La France a besoin de justifier sa présence dans la zone par des activités. L’AFD et le Fonds européen de développement nous ont donc démarchés pour fournir un diagnostic qui impliquait un déplacement », explique Sarah Samadi, tout en rassurant, « mais les missions antérieures de 2009 ou notre récent déplacement aux Comores sont de notre propre initiative ».
Leur démarche ne va pas au delà, pas jusqu’à analyser les limites du plateau continental, « nous n’allons pas si profond. »
La mission BioMaGlo étudie donc la diversité de la faune benthique, composée des organismes vivant de sédiments dans les profondeurs, comme les mollusques ou les crustacées.
« 170 espèces d’éponges dans la zone »
Depuis 20.000 lieux sous les mer, la connaissance sur les abysses a progressé, « mais plutôt récemment. A commencer par la révocation de la théorie qui assimilait les grands fonds à une moindre vie animale. » Et chaque découverte est source d’émerveillement : le Kiwa hirsuta, une espèce de crabe poilu qui vit à plus de 2.300 m de profondeur, a fait la Une des journaux, « alors que nous en découvrons une centaine par an dans les grands fonds », ironise Sarah Samadi.
Le scientifique Bernard Thomassin qui a longtemps travaillé sur la faune et la flore mahoraise, a inventorié 49 nouvelles espèces intégrées au Museum, dont une éponge, « or, la semaine dernière, au bout de 10 jours, nous en avons repéré 170. »
L’objectif de la campagne est d’analyser les connections qui peuvent se faire entre la faune de notre région et celle des autres zones du Canal du Mozambique, « et de déterminer son niveau de vulnérabilité. » Un observateur du Parc Naturel Marin est d‘ailleurs embarqué avec les 9 scientifiques qui ont posé leur sac à bord de l’Antea. La 2ème partie de la campagne commence aujourd’hui, par les zones au large de Mtsamboro, Sada et Mamoudzou.
Leur job s’apparente à celui des pêcheurs, « on chalute, on tamise, on trie ». Puis, dans un second temps, chaque éponge sera rattachée grâce à son ADN, à une espèce connue. Elles seront ensuite versées à l’Inventaire national du patrimoine naturel du MNHN.
Dans le cadre de la séquence « Initiation à la découverte scientifique » voulue par le vice-rectorat, une classe de 5ème a pu visiter l’Antea ce mercredi matin, et la présentation du suivi pédagogique des expédition était proposée par Anne Viguier, professeur de SVT à Paris, et enseignante-relai au MNHN, aux enseignants présents.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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