Difficile d’y voir clair : les négociations ont porté samedi sur d’éventuelles avancées sociales… éventuellement mises en place au sein d’une nouvelle entité.
La rencontre a eu lieu au siège de la société, rue du Commerce, centre les grévistes de la société, et le cogérant, Safdar Ballou. Une réunion de prise de contact, avec une délégation de salariés « sans syndicat », avait demandé la direction. Les syndicats attendront donc à l’extérieur du bâtiment, alors qu’une délégation de 10 personnes, délégués du personnel et salariés, discutent.
Trois heures de négociations infructueuses, rapportent-ils, « aucune avancée concrète sur les points de revendication que sont le 13ème mois, le chèque déjeuner ou la grille salariale. » Après avoir annoncé un dépôt de bilan au 1er février dernier, le directeur aurait menacé de licencier 12 salariés « si le travail ne reprend pas d’ici mardi », demain donc. « Les grévistes ont jusqu’à lundi (aujourd’hui) pour lui donner leur réponse. Passé ce délai, il quitte Mayotte, et abandonne les salariés à leur propre sort. »
Séparation des deux frères Ballou
Dans son compte rendu de la réunion, le cogérant Safdar Ballou, confirme la volonté partagée avec son frère Mehboub, « de se séparer de cette structure Ballou Centre, à la fin du prochain exercice comptable, le 31 mars 2017 », et de l’ouverture d’une nouvelle structure. Il ne précise pas si l’ensemble des salariés sera repris, mais la teneur des échanges n’incite pas à l’optimisme. La SARL Ballou Centre serait en location gérance des Etablissements Ballou par contrat de 9 ans renouvelable par tacite reconduction. L’actuel a débuté au 31 mars 2009.
Il s’agit ici de la séparation des deux frères, Safdar rachetant ses part à Mehboub, « mais elle est constamment annoncée, jamais concrétisée », rétorque le délégué CGT, El-Anaïs Saïdi. A Mehboub Ballou, les salariés reprochent des propos insultants, que reconnaît son frère Safdar, « les propos n’ont pas été corrects ».
La Direction du travail avait indiqué l’absence de comptes déposés au greffe, mais la CGT a obtenu quelques informations. Les Ballou sont actionnaires chacun à 50% d’une société qui fait des bénéfices : « Ils se sont partagés prés de 200.000 euros à eux deux sur 2012-2013, le seul bilan visible au tribunal de commerce, à mettre en rapport avec la masse salariale de l’entreprise qui se monte à 700.000 euros », rapporte le délégué syndical.
Simple alignement sur le code du travail
Safdar Ballou campe donc sur ses positions en expliquant que chaque jour passé met un peu plus « la société en péril », et s’engage à ne procéder à aucun licenciement en cas de fin de conflit rapide. Face à la situation financière délicate des grévistes privés de salaires depuis 2 mois maintenant, il propose d’accorder une avance, contre un remboursement étalé.
Il entérine des avancées, qui ne sont en réalité que des réajustements au regard du code du travail. Pas d’évolution concrète sur l’utilisation de la prime de fin d’année de 200 euros dans d’autres sociétés que Ballou, ou sur l’ouverture des négociations sur la grille salariale sur lesquelles il dit s’engager dès le 15 février.
En face, les salariés avaient proposé « un échelonnement du versement du 13ème mois en 4 fois, et le versement du chèque déjeuner en avril. » Ce qu’a balayé d’une main Safdar Ballou, « compte tenu des difficultés actuelles, le 13ème mois et le chèque déjeuner ne pourront être accordés ». Deux points qui feront l’objet de discussion lors de l’ouverture de la future entité, assure-t-il.
Les salariés syndiqués CGT et CFDT sont actuellement en discussion pour décider de la position commune à tenir.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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