C’est un des effets Abdoul Wassion à retardement : en mettant le doigt sur la distribution peu contrôlée et donc dispendieuses pour le conseil départemental, des bons alimentaires, l’élue avait donné des exemples de conducteurs de gros 4×4, peu suspects d’être dans le besoin, en tout cas alimentaire, qui en étaient pourtant bénéficiaires.
Une information adressée directement au procureur, en même temps qu’aux médias. « J’ai été trainé dans la boue », avait jugé l’élu qui en a la charge, Issa Issa Abdou, le 4ème VP du conseil départemental, l’incitant à y mettre son nez. Et même plus, puisqu’il a rédigé de sa main une demande de création d’une commission spécialisée dans la régularisation de ce flux d’aides aux secours du département.
« Auparavant, les travailleurs sociaux accueilleraient les personnes en grande difficulté, qui pouvait être alimentaire, sanitaire, morale, parce que victime de la violence de conjoint, etc., et décidaient de l’aide à apporter. Il se faisait sous forme d’espèces sonnantes et trébuchantes, sans aucun contrôle en aval pour évaluer l’efficacité de l’action », rapporte-t-il, « et à coup de 70 euros le bon chaque semaine, certains en ont profité sans le justifier. »
En 2016, ce sont 135.940 euros qui ont été alloués en bons alimentaires, et 90.336 euros en secours exceptionnels. Soit beaucoup moins malgré tout que ce qui a été budgétisé.
Le Payeur général à contribution
Si le président Soibahadine la valide, cette sous-commission d’étude des besoins en secours d’urgence permettra de contrôler l’ensemble du processus. « Difficile malgré nos investigations, de savoir qui avait abusé du système, mais nous allons le remettre à l’endroit. L’assistant social viendra défendre les dossiers dont il a la charge au sein de cette commission, qui tranchera. Nous allons parallèlement mettre en place un système de ticket en partenariat avec les grandes surfaces, pour l’obtention d’appareil électroménager de première nécessité, comme les frigos, mais sans circulation d’argent liquide. »
Mieux, Issa Abdou a l’intention de solliciter le Payeur général pour une garde sous scellés des bons d’achat alimentaires, « il ne les délivrera que sur ma signature, et les remettra au directeur d’Unité d’Action Sociale concerné, et non plus au travailleur social. Le bon sera remis directement au concerné. »
Un cadre d’autant plus urgent à mettre en place, que le droit commun apporte son lot d’aides sociales qui n’existaient pas encore sur le territoire, « comme l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, il faut donc être carré. » Sans compter les 61 millions de compensation alloués par le gouvernement.
On rêve d’une reprise en main similaire dans tous les services, avec des marges potentiellement conséquentes à dégager par le conseil départemental.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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