Fidèle à ses annonces, Koungou avait proposé une réunion d’installation de la communauté de communes du nord de Mayotte, ce lundi matin, à l’hôtel de ville de la commune. Premier problème, elle ne siégeait pas à Bandraboua, comme le commandent les textes constitutifs de l’Interco nord. Et pour une bonne raison, et c’est le deuxième gros problème, les trois autres communes de Mtsamboro, Acoua et Bandraboua, étaient absents. Leurs maires ne veulent pas d’Assani Saindou Bamcolo comme président.
Lorsqu’on déroule le chapelet, on arrive tout droit au troisième problème, il n’y avait pas le quorum, « la séance a été reportée le vendredi 17 février prochain à 9h », mentionne le compte rendu de séance, qui rappelle que le quorum n’est ensuite plus nécessaire. Elle se tiendrait donc sans les conseillers communautaires des autres communes, qu’elles n’ont d’ailleurs toujours pas élu, se gardant de vouloir donner un embryon de vie à une interco dont ils ne reconnaissent pas le dessin.
Trois mousquetaires solitaires
Ni le dessein non plus d’ailleurs, puisque Majani Mohamed, le maire de Mamoudzou, tout en soutenant Bamcolo sur ce dossier, évoque les problématiques communes entre Mamoudzou et Koungou : « Nous aurions aimé faire une communauté d’agglo ensemble, mais nous aurions réuni la moitié de la population de Mayotte à nous deux, c’était trop gros. » Si gros, que le préfet Morsy avait opté pour le découpage actuel, tout en se légitimant de l’accord des maires.
Koungou se retrouve donc isolée, prise en sandwich entre la CADEMA, la Communauté d’Agglomération Dembéni-Mamoudzou, et les trois petits mousquetaires du nord-ouest qui ont juré de ne pas s’allier à celui qu’ils ne voient pas comme un D’Artagnan défenseur de leurs causes.
Elles se sont prononcées en avril 2016 pour la dissolution de l’actuelle Intercommunalité à 4, et attendent la réponse du préfet : « Lorsque nous l’avons rencontré en novembre dernier, il nous a assuré tout mettre en œuvre pour débloquer la situation », rapporte Harouna Colo, le maire de Mtsamboro. Une communauté des 3 communes du nord-ouest pourrait naître, « le nombre d’habitants minimum est de 15.000 habitants, or nous sommes 22.000. »
Les 4 millions d’euros de budget encaissés
Vendredi 17 février, le « conseil mono-communautaire » se réunira donc à Koungou sans eux, mais risque de voter des textes en toute illégalité selon l’ensemble des conseils que nous avons collectés.
Ces atermoiements provoquent un autre déséquilibre, à l’échelle du territoire celui-là : les intercommunalités déjà créées reprennent à leur compte la gestion des déchets, en application de la loi NOTRe, et ne vont donc plus verser leurs oboles à celui qui l’assurait, le SIDEVAM 976, dont Bamcolo, le maire de Koungou, en est toujours président.
Sur ce sujet, le maire de Mstamboro est très clair : « Nous n’avons pas perdu le budget de l’Interco de 4 millions d’euros pour 2016 que le préfet avait voté. Ils sont partis au SIDEVAM pour le traitement des déchets. »
Le problème va plus loin qu’une affaire de personne que focaliserait le maire de Koungou. Si sa commune apporte dans son escarcelle la fiscalité des entreprises sises Vallée 3, elle ramènerait avec elle beaucoup de problèmes aussi. Et ses 400.000 euros de participation au pot commun, seraient très inférieurs à ses besoins.
Pour réussir une interco, il faut s’entendre, nous avait expliqué un DGS du sud, guère mieux loti. Vers qui va se tourner Koungou désormais ?
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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