Au moment où on apprend qu’un ancien président du Département est mis en examen pour un détournement présumé de fonds publics, l’organisation Transparency international propose à tous les citoyens de signaler des cas déjà jugés de corruption, quelle que soit la forme qu’elle prend. Ces affaires sont ensuite positionnées sur une carte (A voir par ici).
Concernant Mayotte, on trouve ainsi un avocat et ancien député condamné pour avoir conservé le montant des dommages et intérêts destinés à ses clients, une fonctionnaire du département qui avait attribué un marché public hors de ses compétences contre un pot de vin, un sénateur-maire condamné pour emploi fictif, deux fonctionnaires de la préfecture condamnées pour corruption passive… Ou un ancien président du département condamné pour prise illégale d’intérêts.
Il s’agit donc à chaque fois de personnalités publiques ou de personnes chargées de faire fonctionner une institution, condamnées pour avoir détourner leur fonction pour en tirer un profit personnel.
Responsabiliser les citoyens
Au total, dans la France entière, quelque 660 affaires sont recensées dans cette base de données collaborative. Elles sont donc entrées dans la carte par les membres de l’association à partir de reportages de presse ou d’information envoyées directement à l’ONG puis vérifiées. Car l’objectif de la démarche réside dans la volonté de responsabiliser les citoyens, pour que chacun lutte contre la corruption.
«L’open data est un outil essentiel pour une plus grande transparence», estime Laurène Bounaud, directrice de Transparency France, chez nos confrères de Marianne. Sur le site, les bénévoles expliquent qu’il «n’existe pas en France de base de données publique recensant les condamnations pour corruption ou autres atteintes à la probité. Il est donc très difficile d’avoir une vision précise des formes que prend la corruption en France, des catégories de personnes et des régions les plus touchées, ou encore des sanctions prononcées».
Un indice approximatif
Grâce à cette carte, on peut visualiser des cas de corruption région par région, sans que cela soit pour autant exhaustif… les chroniques judiciaires du JDM sont là pour en témoigner.
Et parmi les quelques affaires publiées sur la carte de Mayotte, celle des fonctionnaires de la préfecture pose également problème. Comme la carte l’indique, les deux prévenues ont été condamnées le 15 avril 2015 en première instance mais elles ont été relaxées en appel le 15 septembre suivant… Sans que cela ne soit mentionné.
Et c’est sur ces données partielles et approximatives que l’ONG a mis en place un indice pour classer les régions françaises en fonction de leur corruption supposée. Cet indice utilise la richesse de chaque région (le PIB) pour établir ce classement. Mayotte y obtient une médiocre 3e place dans le classement des Outre-mer, moins corrompue que Saint-Martin ou la Polynésie mais deux fois plus que La Réunion et 6 fois plus que la Martinique.
Cependant, impossible de savoir si le nombre d’affaires de corruption jugées révèlent le bon fonctionnement de la justice dans ces régions ou les niveaux réels de corruption.
La perception de la corruption
Malgré les imperfections de l’outil, l’idée est bien de tenter de changer les mentalités pour endiguer le phénomène. C’est aussi l’objectif de l’indice de «perception de la corruption», publié tous les ans à l’échelle mondiale par l’ONG. Transparency tente d’établir un classement de 176 pays en fonction du degré de corruption perçue par la population dans les administrations publiques et la classe politique.
69% des 176 pays figurant dans l’Indice de perception de la corruption 2016 enregistrent une note inférieure à 50, sur une échelle allant de 0 (où le pays est perçu comme très corrompu) à 100 (où le pays est perçu comme très peu corrompu).
La situation se dégrade aux Comores
La France obtient une note de 69/100, ce qui place notre pays en 23e position. Autour de nous, les Comores obtiennent la plus mauvaise place (une note de 24/100 et une 153e place). Madagascar fait à peine mieux (26/100 et une 145e place). Dans ces deux pays, la situation de dégrade d’une année sur l’autre et la situation en 2016 et bien moins bonne que 5 ans plus tôt.
Dans la zone, deux pays sortent du lot : l’Afrique du Sud avec 45/100 et une 64e place et surtout l’Île Maurice, avec une note de 54/100 qui l’installe à 50e place mondiale et parmi le club des pays les moins concernés par la corruption.
Tout en haut du classement, deux pays se partagent la 1ère place: le Danemark et la Nouvelle-Zélande avec une note de 90.
RR
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