Commune du bout du bout du nord-ouest de l’île, Acoua aurait pu être oubliée. Dernière commune à accueillir son agence postale, elle commence à combler un grand vide en services publics. Que le sous-préfet Eric de Wispelaere veut élargir grâce à une Maison des services publics en milieu rural.
Jusqu’à présent, les habitants devaient de rendre à Mtsamboro pour avoir recours aux services postaux. Ils auront la possibilité de retirer et/ou de déposer 350 euros par semaine. Il n’est en revanche pas prévu d’installer un distributeur qui reste l’apanage des bureaux de Poste, plus importants.
Nous avons pu interroger Mahafourou Saïdali, Président de la Commission départementale de présence postale Territoriale (CDPPT). Il en existe une par département. Y siègent un représentant de la préfecture, 4 maires, et 4 conseillers départementaux, « qui sont très impliqués à Mayotte », nous glisse-t-on du côté de La Poste.
731.820 euros pour Mayotte, soit +80%
Tant mieux, car il s’agit de veiller à la bonne application des dispositions du Contrat de présence postale territoriale signé entre l’État, l’Association des maires de France et La Poste. Un contrat qui vient d’être renouvelé pour 3 ans, « avec beaucoup d’avancées pour cette période 2017-2019 », se réjouit Mahafourou Saïdali.
La première est l’augmentation du Fonds national postal de péréquation territoriale, alloué à l’ensemble des collectivités françaises, qui passe de 170 millions d’euros à 174 millions d’euros, « et la part de Mayotte augmente cette année de 80%, pour atteindre 731.820 euros », se réjouit l’élu. Ce fonds a financé notamment les travaux de l’agence postale d’Acoua, « en contrepartie, l’Etat nous demande de participer à l’aménagement du territoire. » C’est ainsi qu’un distributeur a été installé à Coconi. Nous ne savons pas encore ce qui est prévu à Acoua.
Avant de valider plusieurs projets, la CDPTT a fait un bilan de son influence. Pas terrible, puisque « l’agence communale postale d’Acoua, on en parle depuis 2003 », déplore Mahafourou Saïdali, avant de transmettre le relais. Parmi les opérations retenues, « la démolition-reconstruction du bureau de Poste de Dzoumogne, financé par La poste et le Fonds de péréquation », ainsi que des agences postales à Poroani et Bandraboua.
Davantage d’autonomie
« L’autre grande nouveauté, c’est l’entière autonomie de gestion de la CDPTT sur le Fonds de péréquation dans sa totalité, ce qui n’était pas le cas avant. » Il ne sera plus possible dorénavant de modifier les horaires d’uverture des bureaux sans consulter les élus.
Autre piste, le numérique, « pour 15% des investissements », et autre nouveauté, « le droit à l’expérimentation, 5% y seront consacré comme partout ailleurs en Outre-mer. » L’expérimentation permet d’adapter les besoins au territoire : « Par exemple, les agences communales n’ont pas le droit de faire des mandats cash urgents. Nous pouvons le tester. Il suffit simplement d’en informer l’Observatoire dont nous dépendons. »
2ème enveloppe pour les maires… Correctement adressée ?
L’aménagement du territoire, La Poste tente de le coupler avec la garantie d’un adressage aux normes, en proposant ses services. La plupart des communes utilisent leurs propres services, mais le résultat semble peu probant aux représentants de l’institution. « Certaines passent par un bureau d’étude qui finit par nous contacter », explique Bruno Lefranc, le Responsable de l’adressage à La Poste, qui avait accompagné le directeur Gaëtan Longeau.
La Poste propose un devis sur mesure, prenant en compte l’état d’avancement de l’adressage et le volume d’habitations à traiter. Acoua vient d’adhérer à ce service, « la commune finalise la dénomination des rues, nous agissons comme conseil, car il arrive que deux rues portent des noms d’homonyme, ou qu’une rue de la mosquée existe dans deux quartiers voisins. » La Poste peut également proposer des services annexes, comme la communication aux habitants de leur nouvelle adresse, sur la maitrise des oses des plaques, etc.
L’Etat va allouer une dotation aux communes pour la réalisation de l’adressage qui conditionne le recouvrement des impôts locaux. C’est la 2ème enveloppe du genre… Espérons qu’il y ait un suivi sérieux cette fois, la 1ère ayant été dépensée à tout autre chose par les maires des précédentes équipes municipales, qui n’y voyaient pas d’utilité.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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