Le lien de cause à effet fut débordant de démonstration samedi : quelques minutes après les premières grosses gouttes, les caniveaux de la plus grosse commune de l’île ont crié à l’indigestion, provoquant une montée des eaux spectaculaire, entrant dans les maisons et les commerces, immobilisant voitures et scooters, dans un long embouteillage qui se résorbait aussitôt les cieux redevenus cléments. Pendant que les particuliers épongeaient.
« C’était prévisible ! », lance Bacar Ali Boto, 1er adjoint au maire de Mamoudzou, un brin agacé de voir que les mesures qu’il a mises en place se retrouvent réduites à néant par les premières grosses pluies, et surtout par l’habitat sauvage qui déverse ses déchets depuis les hauteurs.
La pluie comme collecte naturelle des déchets…
« Nous avons récuré l’essentiel des caniveaux de la commune. Mais nous savions qu’aux premières grosses pluies, il faudrait tout recommencer. Les cases construites en hauteur sur l’ensemble du périmètre de notre commune, notamment à Kawéni et Mtsapéré, ont un double effet catastrophique : les amas de terre retirés pour pouvoir construire sont laissés à côté des habitations, et se mélangent à la pluie pour dévaler les pentes et encombrer les caniveaux. C’est la même chose pour les déchets, laissés devant les cases en tôle. »
En l’absence de chemin, les camions de la mairie ne peuvent y accéder, « les habitants attendent donc cette collecte naturelle des déchets que sont les eaux pluviales. Ce qui bouche aussitôt les caniveaux. »
La mairie avait commencé un travail de reprise de tous les caniveaux de Mgombani en les surdimensionnant, « ils font 1m sur 1,50m environ, il n’y a donc plus d’inondation. Mais cela couterait des centaines de millions de l’étendre à l’ensemble de la commune. »
Ramassage manuel des déchets sur les hauteurs
Une des solutions, avait été évoquée dans nos colonnes par la mairie qui ne l’a pas encore mise en place : « Nous avons rédigé un marché, que nous allons bientôt lancer, sur le ramassage manuel des déchets dans ces quartiers en hauteur. » Une solution d’attente avant de résorber l’habitat insalubre, « qui doit venir d’une décision collective avec l’Etat ». Outre les problèmes de déchets et d’hygiène, « c’est une catastrophe environnementale, car faute de végétation, arrachée pour construire, l’eau ne s’infiltre plus. »
Il explique que ses équipes techniques étaient opérationnelles tout le week-end, et pour les caniveaux qui demandent une technique particulière, comme l’envoi d’eau sous pression pour dégager la boue amassée, nous sollicitions la STAR ou MAP. La DEAL gère les routes nationales. »
Gérer les déchets en zone peu accessible ne doit pas responsabiliser les populations qui y vivent, qui doivent par des incitations/sanctions être invitées à déposer les ordures ailleurs que par terre. Les poubelles ne font pas de distinction sociales ou de nationalité.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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