Lors du conseil de gestion du Parc Naturel Marin, un état des lieux de la filière aquacole était dressé. Plusieurs enquêtes ont été menées et ramènent les prétentions à la baisse : « Nous envisageons une aquaculture raisonnée et raisonnable », en gros « artisanale », et c’est Régis Masséaux, vice-président du Parc Naturel Marin et à la tête de Cap’tain Alendor, qui l’annonce. Il mise sur moins de 15 tonnes par an.
Nous sommes loin des 63 tonnes sur 3 trimestres produits en 2013 (chiffres IEDOM). Et sur une autre planète que celle que nous dessinait le niçois Jean-Claude Pastorelli avec ses spectaculaires plus de 2.000 tonnes par an qu’aurait fourni sa société Aqua Mater, « un projet industriel ou semi-industriel pose un problème de pérennité financière », explique encore Régis Masséaux.
Degré de tolérance des préfets et du lagon
Plusieurs explications à cela. Tout d’abord, l’écloserie Aquamay de Dominique Marot a déposé son bilan. Ensuite, l’homme d’affaires niçois en attente de subventions d’Etat (Jean-Claude Pastorelli demandait 5 millions d’euros), et de fonds européens qui en dépendaient, a du jeter, provisoirement, l’éponge, les préfets successifs ayant montré quelque frilosité à l’énoncé de son projet.
Le Parc Naturel Marin en profite pour mener une étude sur le degré de tolérance de la faune et de la flore du lagon à une aquaculture intensive : « L’objectif est de pouvoir définir, pendant l’instruction de demandes d’exploitation, l’ampleur de la zone impactée par les rejets issus des cages et l’impact de ces rejets sur les peuplements benthiques selon le volume de production prévu », nous dit le Parc.
Un secteur sinistré
La société Aqua Mater de Jean-Claude Pastorelli est donc en stand bye depuis 2 ans, son directeur d’exploitation a été licencié et le parc à poisson vidé, « il reste toujours 25 géniteurs, mais le conseil départemental n’en fait rien ». Les deux autres aquaculteurs de la place ne sont guère en meilleure posture.
Une réunion importante pour l’avenir de la filière va se tenir cette semaine. La SCEA Benara de Régis Masséaux, associée avec Dominique Marot, ex-directeur de feu Aquamay, « propriétaire de la concession en mer d’élevage de poissons », s’est positionné pour donner une orientation. Parallèlement, le patron de pêche finalise son atelier de transformation des produits de la mer.
Nurserie collective ou privée
Celle qui était vue comme un des fleurons économiques de l’île, l’écloserie Aquamay, n’étant plus, c’est donc auprès du réunionnais Hydro Réunion que la SCEA Benara va s’approvisionner en alevins. Régis Masséaux invite les deux autres entreprises du secteur à Mayotte, Sud Aquaculture ou Océane Lagon Aqua, à s’associer à lui pour un achat groupé. Ce qui sous-entend la mise en place d’une nurserie collective pour les élever, « où il est possible de solliciter des fonds européens. Si personne ne bouge, je crée ma nurserie privée, à terre ou en mer. »
Il faut débourser 40.000 euros pour 20.000 alevins, en intégrant 15% de perte. « Si nous sommes trois, avec 60.000 alevins, et en comptant 4 mois de gestation, le secteur peut tourner. »
Nous avons contacté Océane Lagon Aqua qui indique qu’ « aucune proposition ne leur a été faite », jusqu’à présent, et attendent la réunion du 31 mars pour qu’une véritable direction soit donnée à la filière aquacole.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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