Le service de Protection maternelle et infantile (PMI) est chargé d’assurer la protection sanitaire de la mère et de l’enfant. Relevant du département, il est moins connu en métropole qu’à Mayotte. L’offre médicalisée s’adresse en effet à un public déshérité, et à 80% des non assurés sociaux sur l’île. Ce qui pose plusieurs problèmes.
Le conseil général, puis départemental, a récupéré en 2006 et 2008, respectivement les missions des PMI et de l’ASE (Aide sociale à l’Enfance), sans que celles-ci soient compensées. D’autre part, la pression migratoire s’intensifiant, l’exécutif actuel s’est tourné vers l’Etat en lui demandant de prendre sa part, sur sa compétence régalienne de la lutte contre l’immigration clandestine.
Il est appuyé par le rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) rédigé par les Docteurs Pierre Aballea et Yves Rabineau en février 2016. La compensation de la mission de l’ASE a été versée, avec un rattrapage depuis 2009, pour un montant de 61 millions d’euros. Mais rien pour les PMI.
Une ligne budgétaire pour la PMI
« Or, nous suivons environ 10.000 grossesses par an, sans être remboursés par l’Assurance maladie », avait déploré Issa Issa Abdou, 4ème vice-président du conseil départemental (CD) Chargé de l’Action sociale et de la Santé, qui est reparti à la charge auprès des services de l’Etat. Il serait en passe d’être entendu.
Là encore, le rapport de l’IGAS vient à sa rescousse : « En l’absence d’Aide Médicale de l’Etat (AME) à Mayotte, les non-affiliés étrangers ne sont pas couverts. Or, les frais médicaux, pour cette population qui représente 80% des consultations pour les femmes et 60% pour les enfants, doivent être pris en charge par l’Etat selon la législation applicable ».
En conséquence, le rapport réclame qu’une ligne budgétaire pérenne soit créée au projet de loi de finances 2017. Il appelle même, au regard de la situation financière du département, à trouver des sources de financement novatrices, comme « des concours financiers de l’Etat et/ou de la Caisse nationale d’allocations familiales. »
« Notre administration ne suit pas », déplore Issa Abdou
Pendant ce temps, c’est la galère pour le personnel médical qui se mobilise, la situation s’étant fortement dégradée dans les 22 PMI de l’île. Des tensions qui avaient connu un pic à la fin de l’année dernière, puisque les sages femmes ont mené un mouvement de 3 mois et les infirmiers avaient refusé au 5 décembre de pratiquer des soins hors de leurs compétences comme la prescription de médicaments ou des soins poussés.
Et elles viennent de franchir un cap, puisque une trentaine de salariés des PMI ont investi le conseil départemental jeudi dernier : « Nous manquons de savon, de stylo, de papier toilette, de produits hygiéniques… ! » Certains mettent en garde contre l’apparition de maladies nosocomiales, et le reproche à l’élu.
Des dépenses pourtant incluses dans les charges à caractères générales, et donc budgétisées, nous explique Issa Issa Abdou : « J’ai signé les bons de commande correspondant à ces besoins », et s’agace de devoir assurer le service après-vente, « où sont passés les produits commandés ? Nous n’avons pas de traçabilité. On a une administration qui ne suit pas ! » Ce que dénonce périodiquement l’intersyndicale du CD.
La réunion de ce lundi devrait permettre d’y voir plus clair, et l’élu mise beaucoup sur l’arrivée du nouveau DGS Mahafourou Saïdali pour remettre d’aplomb les services.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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