Alors qu’on approche de la fin de l’année scolaire, les syndicats des personnels de l’Education nationale se font entendre sur les enjeux de la prochaine rentrée. C’est en particulier le nombre de contractuels qui devrait dépasser celui des titulaires dans le 2nd degré qui suscite des prises de position. Ce mardi matin, le SNES-FSU dénonce à son tour la «politique de l’autruche du vice-rectorat (qui) nous amène à entendre des discours lénifiants dans les instances», comme «l’académie reste attractive mais pas suffisamment…»
«Les faits sont têtus», rappelle le syndicat. Il martèle que, «le manque d’attractivité conduit à l’augmentation exponentielle du nombre de contractuels». A la rentrée prochaine, alors que 176 postes sont créés, le nombre de titulaires arrivants dépassera à peine celui des sortants. «Le système éducatif de Mayotte pourtant classé en REP, parfois en REP + n’est pas en mesure de fournir les personnels nécessaires aux allégements d’effectifs de classe indispensables et à la mise en place de dispositifs type lycée de la seconde chance pour lutter contre le décrochage scolaire» dans 2nd degré», indique le SNES.
Face à cette «crise de recrutement que ne connaît aucune autre académie à un tel niveau», le syndicat rejoint les critiques formulées par des inspecteurs envers la politique du vice-rectorat. Ce sont d’abord sur les moyens alloués à la formation des contractuels qui sont visés, «insuffisants alors que leur nombre va croissant». Pour le SNES, «le recrutement et la gestion des contractuels relève de l’improvisation voire du bricolage», comme le prouve «la mise en place pour eux d’une indemnité d’installation qui n’a aucun fondement réglementaire et dont on ne connait pas les effets alors que des néo-titulaires postulant pour Mayotte n’ont pas droit à la prise en charge de leur billet d’avion et déménagement».
Dans son communiqué, le syndicat dénonce aussi le manque de «constance et de cohérence» et «l’affichage et l’effet d’annonce (qui) ne peut tenir lieu de politique éducative».
Incitations et indexation
Le syndicat du 2nd degré formule trois propositions «qui doivent s’inscrire à la fois dans le long terme et dans l’immédiat».
Il demande d’abord «une action d’urgence» pour restaurer l’attractivité et «permettre notamment à de jeunes néo-titulaires de venir à Mayotte». Cela passe par des incitations financières comme la prise en charge des frais de changement de résidence, des dégrèvements fiscaux ou encore une accélération de carrière. Le syndicat renouvelle également sa revendication d’augmentation de l’indexation «pour stabiliser les personnels à Mayotte» alors que «la vie à Mayotte est largement aussi chère voire plus qu’à La Réunion». Pour mémoire, l’indexation est de 40% dans notre département contre 53% à La Réunion.
Le SNES propose ensuite «une action de formation des non-titulaires qui leur permette de passer les concours», assurée par le vice-rectorat.
Former des cadres mahorais
Enfin, le syndicat veut que de jeunes cadres mahorais soient formés en transposant au ministère de l’Education nationale le dispositif «de bon sens» de l’article 48 de la loi «Egalité réelle».
Il s’agit d’un soutien à la formation en mobilité, destiné aux personnes résidant à Mayotte et qui doivent partir pour suivre des études supérieures dans l’hexagone ou à La Réunion.
Lorsqu’un étudiant bénéficie de ce dispositif, le «passeport pour la mobilité des études» participe au financement des frais d’installation et permet l’attribution d’une indemnité mensuelle pendant une durée maximale de cinq ans, sous condition de ressources. En contrepartie de cette aide, les bénéficiaires doivent s’engager, à l’issue de leur formation, à réaliser à Mayotte une partie de leur parcours professionnel.
La loi précise que le conseil départemental de Mayotte et toute personne morale de droit public ou privé peuvent s’associer par convention à ce dispositif. Le MEN pourrait donc effectivement y prendre part. Pour le SNES, ce dispositif transposé à l’Education «permettrait aussi de donner des perspectives à la jeunesse mahoraise souhaitant travailler dans le système éducatif».
Des équipes stables
Pour le syndicat, «il n’échappera donc à personne que la clé du développement de Mayotte et de la mise en place de l’égalité réelle transcrite dans la loi par le gouvernement actuel passe par l’éducation. Mais elle ne se fera pas sans les agents.»
Le syndicat conclut que «les systèmes pour lutter contre le décrochage (taux de décrochage à Mayotte deux fois supérieur à celui de la métropole) exigent des équipes stables qui ne soient pas contraintes par des heures supplémentaires et qui puissent donc se consacrer au maximum aux élèves décrocheurs dont une des caractéristiques est qu’ils nécessitent beaucoup plus de temps et de moyens que les élèves ‘normaux’».
RR
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