EDM ne s’est pas offert un black-out au moment de l’arrivée du gâteau d’anniversaire. Vendredi soir, l’entreprise rassemblait une partie de son personnel et un parterre d’invités pour célébrer ses 20 ans en tant qu’entreprise et les 40 ans de l’électricité à Mayotte… Sans savoir s’il faut dire «40 ans déjà» ou «seulement 40 ans».
«Une chose est sûre, on a fait à Mayotte en 4 décennies ce que les pays européens ont mis bien plus de 100 ans à accomplir», se félicite Yacine Chouabia, le directeur général d’EDM.
Désormais à Mayotte, si on souffle des bougies dans le noir, ce n’est plus à cause d’un black-out, c’est qu’on le choisit! La dernière panne générale d’électricité remonte au 11 août 2015 , c’est un record. «Pour la 1ère fois, nous passons une année calendaire sans black-out», relève Yacine Chouabia. «Il faut se rappeler qu’il y en avait 37 en 2004.» Autre record en 2016 : Mayotte n’a connu «que» 485 minutes de coupures d’électricité cumulées. C’est 4 fois moins qu’en 2015.
Les temps changent et même très vite. Pour EDM, en 2017, nous sommes à… des années lumières du Mayotte de 1977 qui a vu naître l’ancêtre de la société. Il y a tout juste 40 ans, les nuits dans notre île étaient parfaitement noires et les rares frigos fonctionnaient au pétrole.
Le fondateur
C’est alors qu’arrive à Mayotte un certain Charles Pouchot. Il est responsable d’Electricité des Comores et fuit le pays pour une raison inconnue, à bord d’une vedette sur laquelle il a embarqué un groupe électrogène. Il l’installe derrière la préfecture à Dzaoudzi. C’est la première véritable centrale électrique de Mayotte qui va alimenter les premiers clients. En 1977, ils sont 150 !
Electricité de Mayotte devient alors un service de la collectivité départementale présidée par Charles Pouchot jusqu’à sa retraite en 1985. Il est décédé en 2011.
L’année suivante, en 1978, Mayotte compte 47.000 habitants, la ville de Mamoudzou se développe: il faut de l’électricité en Grande Terre. C’est ainsi que la centrale de Kawéni entre en service en 1978, avec 2 groupes alimentant Mamoudzou, Mtsapéré puis Passamainty.
2.000 clients en 1986
En 1983, Mayotte est à la pointe d’une technologie balbutiante: le solaire. Les 1ères installations apparaissent dans les villages, en attendant l’électrification rurale. Car, déjà, la liste des urgences est longue à Mayotte et le développement du réseau d’eau est préféré à celui de l’électricité. Mais une station de pompage étant installée à Dzoumogné la 1ère ligne moyenne tension au départ de Kawéni est terminée en 1985.
Peu à peu, des groupes électrogène locaux apportent la lumière à Combani, Tsingoni, Mtsangamouji ou encore à Tsimkoura pour alimenter le collège et les logements des enseignants.
Fin 1986, le nombre de clients dépasse la barre des 2.000, la demande progresse de 20% par an, les centrales de Kawéni et de Foungoujou ne peuvent plus être agrandies. EDM lance le site des Badamiers, avec des travaux qui démarrent il y a quasi exactement 30 ans, en mars 1987et un lancement officiel le 11 décembre 1987.
Les câbles sous-marins reliant électriquement Petite et Grande Terre sont mis en service en juin 1988 et sur terre, un réseau moyenne tension amène la lumière dans les villages. Le premier à être raccordé est Mtsangamouji, en novembre 1990. En octobre 1993, avec le raccordement de Choungui, tous les villages sont alimentés et le 10.000ème compteur est posé.
L’euphorie des années 2000
C’est dans ce contexte qu’en 1997, EDM devient une entreprise à part entière, détenue par la collectivité (à 50%), EDF et SAUR (24,99% chacune) et l’Etat avec une action. Le nombre de clients passe à 20.000 en 1998. «Ce sont les années euphoriques de développement total, du fait de la croissance démographique et économique. La télévision, les marmites à riz, les climatiseurs sont toujours plus nombreux dans les bureaux et habitations», note Yacine CHouabia. Badamiers 2 sort de terre en 1999 et en 2001, on compte 25.000 clients, 15.000 de plus en 8 ans!
Mais en 2006, le développement de l’île prend EDM de court, et la centrale des Badamiers ne suffit plus et ne peut pas être agrandie. Il faudra attendre 2009, pour que le site de Longoni soit mis en service, avec 5 moteurs. Total, qui s’installe dans la vallée d’à côté, finalise son dépôt de carburant 2 ans plus tard, permettant d’alimenter la centrale via un pipeline en direct.
Et l’expansion se poursuit, jusqu’à la réalisation de la 1ère ligne haute-tension de l’Outre-mer insulaire en 2015 et bientôt une seconde, entre Longoni et Sada.
La récolte
EDM a donc 20 ans, 230 salariés et 130 millions d’euros de chiffre d’affaires… au coude à coude avec la Sodifram pour le titre de 1ère entreprise de Mayotte. «On a fait un bond en avant spectaculaire et on récolte les fruits d’un investissement en matériel, d’un investissement dans l’humain, le fruit de nos efforts et on espère que ça va continuer», a expliqué Yacine Chouabia à ses invités.
Et de fait, les projets ne manquent pas pour les 20 ans qui viennent, du développement des énergies renouvelables, aux compteurs communicants en passant par un accompagnement des publics les plus démunis ou encore la réalisation d’une nouvelle centrale.
RR
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